Blogues, fan fictions,
courts-métrages sur YouTube, réseaux sociaux, etc. Les canaux de transmission
de fictions et d’histoires se multiplient sur la Toile. On est donc tenté de dire qu’Internet a révolutionné notre façon de raconter des histoires
Mais est-ce si sûr ? Hubert Guillaud, dans un billet de son blogue La feuille, intitulé De l'évolution de l'art de raconter des histoires, en doute. Il appuie son opinion sur un autre blogue, anglo-saxon cette fois, Darwin's Library, dont l'auteur dresse un magnifique arbre de l'évolution du récit, qui montre qu'il n'y a pas de rupture, mais bien plutôt des hybridations de formes qui créent la nouveauté. Puis Guillaud convoque François Bon qui tient pour acquis que les nouvelles formes de narration ne sont pas si nouvelles que cela. La publication dans un blogue par exemple a beaucoup à voir avec la pratique du journal littéraire telle qu'on la connaît chez Kafka.
Les formes narratives ont bien évidemment changé avec le numérique et le Web, mais elles s'appuient sur des démarches créatives que l'on repère chez les auteurs des siècles passés dont les oeuvres sont arrivées jusqu'à nous.
Ces histoires qui viennent des gens
Sur son blogue Confessions of an Aca-Fan, Henry Jenkins publie une série de vidéos réalisées par Kurt Reinhard, de l’Université des Sciences
appliquées et des arts de Zurich, traitant de l'avenir du Storytelling. Reinhard signale tout d'abord qu'une des manifestations les plus visibles de la transformation des récits tient à l'utilisation de plusieurs médias dans la même oeuvre. Par exemple, les auteurs de la série télévisée américaine
Heroes ont utilisé Internet entre chacune des saisons pour enrichir l’histoire de chaque personnage, optant même pour une version interactive
lors de la troisième saison puisque les lecteurs pouvaient choisir l’issue du récit.
Dans une autre vidéo, on voit un intervenant qui s'est intéressé de très près aux modes de construction des intrigues dans les animes japonais. Il a découvert que les auteurs coinstruisent d'abord les personnages, les dotent d'un passé, de traits de personnalité, examinent la manière dont ils vont interagir les uns avec les autres. Ensuite seulement, ils bâtissent les péripéties de l'intrigue. Lorsque les épisodes sont publiés sur le web, on repère très bien cette prédominance des personnages, qui permet aux lecteurs de s'identifier à eux.
La relation entre concepteurs de récits et spectateurs / lecteurs est de plus en plus forte. Un site comme Storify permet aux utilisateurs des réseaux sociaux de concevoir des récits, y compris à partir d'événements réels. Par
exemple, voici celui qui a été créé par le réseau de sports Rogers Sportsnet de Toronto
au moment de la finale de la Ligue des Champions 2011 entre le Manchester United et
le FC Barcelona. De bas en haut, on peut suivre les messages postés sur Twitter, les articles, les
vidéos et les photos menant au match ultime.
La forme la plus aboutie de particiaption des amateurs aux récits est la "fan fiction". Très en vogue notamment dans le milieu des animes japonais, la fan fiction permet à des "fans" de créer de nouveaux épisodes de leur fiction favorite, en explorant les moindres recoins de l'intrigue et des personnages. Ces épiodes sont publiés sur le net et attirent de nombreux commentaires. La rétroaction est d'ailleurs une puissante motivation pour les écrivains / scénaristes bénévoles.
Parfois, les récits quittent la toile et se déplacent dans la rue, comme en témoigne par exemple cette manifestation à Memphis en 2007, ou plusieurs centaines de personnes ont joué une sombre histoire de morts-vivants dans les rues de la ville :
Le futur des livres et des histoires
Alors, de quoi sera fait l'avenir du récit ? Bien malin qui peut le dire aujourd'hui car pour l’instant, les liseuses, tablettes numériques et téléphones
intelligents de ce monde offrent seulement des possibilités étendues de navigation dans les bons vieux textes, éventuellement enrichis de vidéos. Pourtant, des appareils comme les téléphones intelligents pourraient
devenir des plateformes intéressantes pour les ouvrages comme l'explique Guillaud dans cet
autre article de La feuille. Il donne l’exemple de Geoffrey Young, auteur d’un roman graphique intitulé The
Carrier, qui a publié son histoire sur
iPhone et iPad. Se basant sur la géolocalisation, le récit s’adapte selon
l’emplacement du lecteur et de la météo actuelle. Rien qui ne modifie
fondamentalement la trame narrative, mais on peut déjà imaginer l’avenir en y
ajoutant le principe de réalité augmentée en utilisant la caméra, entre autres,
ou même le téléviseur.
Le mélange de médias et la réalité augmentée sont
probablement les deux leviers technologiques qui modifieront la façon de
raconter des histoires. Néanmoins, cet art ancestral gardera toujours son axe
central : à savoir des personnages et des événements véritables ou
fictionnels menant à une catharsis du lecteur ou de l’auditeur.
Les populations occidentales comme celle du Québec deviennent de plus en plus multiculturelles. Hélas, cela ne se voit pas trop dans la production culturelle qui reste encore très blanche. Or, les intégrer à la culture aiderait les nouveaux arrivants. D’ailleurs, des expériences artistiques ont permis de rassembler migrants et communauté d’accueil.
S’il semble compliqué de produire de l’animation dessinée, celle en « stop motion » est à la portée de tous. Il suffit de fabriquer des personnages de carton, entre autres, mobiles et de les déplacer petit à petit en les prenant en photo. Le réalisateur Michel Gondry nous donne ses astuces pour y arriver.
En 1994, la compagnie d’animation Disney se vantait d’avoir créé sa première histoire non adaptée d’un conte de fées. Ce film, « Le Roi Lion », deviendra un des plus gros succès de la firme pendant presque deux décennies. Or, il suffit de se pencher sur la fabrication du long-métrage pour voir les inspirations très grandes de Shakespeare et de l’animation japonaise. En fait, Disney a même copié sa propre formule.
Nous associons automatiquement les pyramides africaines aux Égyptiens, oubliant pourtant qu’une autre civilisation a fait de même. Les Koush, dont les traces se trouvent aujourd’hui au Soudan, ont été fort importantes et ont duré plus longtemps que les pharaons de l’Égypte. Or, le racisme de l’époque a ralenti les découvertes sur cette culture.
Dans les transports en commun, une majorité d’usagers ont le nez rivé sur leur appareil mobile. Bien souvent, cela s’accompagne d’écouteurs pour bien se couper des autres. Qu’est-ce que cela dit sur nous ou sur la société?
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