Un tableau contient infiniment plus que ce qu'il donne à voir. Le style de l'artiste, ces choix de sujets, sa palette de couleurs... sont liés à son époque. L'histoire de l'art permet précisément d'aller au-delà du simple "j'aime - je n'aime pas" et d'approfondir sa compréhension des oeuvres. Trop longtemps réputée austère et réservée à des spécialistes, elle se démocratise aujourd'hui au travers d'initiatives nombreuses et originales.
Histoire de l'art express et imaginative
La télévision française dispose depuis plusieurs années déjà d'une émission phare en matière d'accès à l'histoire de l'art pour tous. Il s'agit bien sûr de D'Art d'Art, qui présente des oeuvres et expositions en moins de deux minutes. Diffusées chaque dimanche soir, les émissions sont également accessibles en replay sur Culturebox, de France télévision, pendant 1000 jours après leur première diffusion. Plus en en visionne, plus on les aime !
Une toute nouvelle initiative, beaucoup plus modeste mais tout aussi passionnante, mérite d'être signalée. Des étudiantes de l’atelier de Didactique visuelle de la Haute école des arts du Rhin et du Master d’Histoire de l’art, de l’architecture et du patrimoine de l’Université de Strasbourg ont ainsi réalisé une série de 4 courts films appelée ArtPropos, qui analyse des tableaux anciens. Chaque vidéo d'une durée d'environ 5 minutes traite fort différemment son sujet. Dans l'un, on se retrouve devant une planche à dessin qui explique l'historique d'une toile alors que dans un autre, 4 comédiens discutent autour d'une table.
Voici l'analyse d'une toile représentant l'impératrice Joséphine, épouse de Napoléon 1er :
Ces analyses réalisées en collaboration avec le musée de Strasbourg sont donc fort intéressantes puisqu'elles apportent un éclairage historique et artistique sur des tableaux pas nécessairement très connus. L'initiative n'attirera peut-être pas le « grand public », mais elle ralliera tout de même un grand nombre d'amateurs d'histoire de l'art.
Une série documentaire passionnante
Le Canal Éducatif à la Demande fournit un nombre impressionnant de vidéos pédagogiques utilisables autant en classe que pour sa culture personnelle. Parmi les différentes collections, « L'Art en question » est probablement la plus fascinante. La série comportant déjà 13 épisodes s'intéresse en effet à de grands classiques de la peinture ou de la sculpture et pose des questions sur les intentions initiales de l'artiste.
Par exemple, l'oeuvre fameuse d'Eugène Delacroix « La Liberté guidant le peuple » est souvent considérée comme l'icône de la Révolution française. Et pourtant, saviez-vous que ce peintre était un conservateur plutôt effrayé par les émeutes populaires? Bref, son tableau représenterait plutôt une dénonciation qu'une acclamation de la révolte... A un tout autre niveau, pourquoi le tableau La serre de Manet représente t-il une révolution dans la peinture, alors que son sujet est si convenu ? L'enquête est lancée...
Au départ, le projet ne comprenait que 10 épisodes, mais l'enthousiasme soulevé par la série et le financement participatif ont permis la production de nouvelles vidéos. Le ton, semblable à celui d'un dossier d'enquête journalistique, est très captivant et le langage utilisé est accessible, ce qui rend la compréhension de l'analyse de l'oeuvre et de son époque tout sauf fastidieux.
Un tableau n'est pas seulement un tableau. Dans la toile, se cache parfois un message ou la représentation symbolique d'une époque. Si chacun peut faire sa propre analyse d'une œuvre, il est intéressant d'avoir un guide, plus érudit, qui nous explique le contexte de production de ces oeuvres considérées comme des joyaux du patrimoine mondial.
De nombreuses créations humaines ne pourront jamais être vues par le grand public dans les musées. Certaines ont été détruites dans des conflits armés et beaucoup d’autres circulent dans les milieux de crime organisé. Une contrebande d’œuvres qui semble difficile de stopper étant donné le manque d’effectifs spécialisés en art dans les forces policières.
Les représentations de l’Antiquité tendent à montrer toujours que les peuples de cette époque étaient entourés de grandes œuvres blanchâtres. Cela ne pourrait être plus faux. Au contraire, elles possédaient des couleurs afin d’attirer les faveurs des Dieux. Or, avec le temps, elles se sont décolorées et ce blanc a fini par être mal interprété par les artistes de la Renaissance et les penseurs du vingtième siècle.
Pris entre des exigences contradictoires, le documentaire est depuis toujours difficile à définir. Pourtant il représente aujourd’hui un « nouvel art politique ». On peut tenter de le caractériser par son objet : dire quelque chose du monde à partir d’évènements réels. L’image documentaire représenterait alors en quelque sorte notre prore rapport au monde et permettrait d’assigner une nouvelle dimension au cinéma.
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