Connaissez-vous Nicole Perreault ? Sans doute, si vous intéressez à l'actualité TIC au Québec , et sûrement si vous vous sentez concerné par le plagiat dans un cadre éducatif et avez déjà cherché des ressources sur le sujet. Animatrice du Réseau de répondantes et répondants TIC (REPTIC), Nicole Perreault est aussi une auteure prolifique sur le sujet du plagiat à l'ère des technologies de l'information et de la communication. Depuis 2007, elle a donné plusieurs communications sur le sujet, animé divers ateliers et publiés autant d'articles.
On se donnerait beaucoup de peine à rechercher ses travaux sur la toile si elle-même n'avait eu l'ingénieuse idée d'y donner accès en un seul endroit, sur le site du REPTIC. Intitulée « Le plagiat électronique : définition, exemples, prévention, détection », elle propose en une page aux internautes et à toutes les personnes intéressées par la problématique du plagiat l'inventaire de ses travaux en libre accès ainsi que les liens pour y accéder. Les travaux sont classées en fonction des supports : PowerPoint (diaporamas), baladodiffusions, webdiffusions (vidéos) et textes.
Qu'est-ce que le plagiat ?
Qu'est-ce donc que le plagiat électronique ? On en trouve une définition dans les diaporamas de Nicole Perreault : le plagiat est le fait de « présenter des phrases, des textes ou un travail empruntés à autrui sans mention des emprunts (citations, sources de citations, origines du travail) comme s'il s'agissait d'un travail personnel. Il y a aussi plagiat lorsque l'emprunt concerne des données, des tableaux, des graphiques, des images, etc. »
Le plagiat est électronique lorsqu'il est exécuté grâce à Internet ou à partir de ressources numériques. Y compris l'achat de travaux scolaires sur Internet dont la popularité ne se dément pas. Notons ici que N. Perreault n'intègre pas le « vol d'idées » à la définition du plagiat, alors qu'elle mentionne plus loin la paraphrase comme faisant partie d'un ensemble de pratiques frauduleuses.
C'est que la définition du plagiat varie selon le système de références auquel elle se réfère : juridiquement, le plagiat ne concerne que le vol de la forme sous laquelle s'exprime l'idée. Mais académiquement, la paraphrase dénote elle aussi une faible culture de la recherche et la difficulté (ou le refus) de produire une œuvre originale.
Une description du phénomène et des propositions de solutions
Revenons aux travaux proposés sur la page, et arrêtons-nous d'abord sur les diaporamas. N. Perreault en propose deux. Le plus récent date de février 2011 et est intitulée : « Plagiat et tricherie à l'ère des technologies de l'information : portrait et enjeux dans l'enseignement supérieur ». En soixante diapositives, elle brosse le phénomène avec cette question-choc dès l'entame : faut-il tricher pour s'en sortir ? Le second diaporama – vieux de deux ans et plus modeste – est une présentation faite dans le cadre d'un atelier.
Dans les deux ressources, l'auteure introduit le concept de la génération C – des personnes nées entre 1984 et 1996, qui créent, collaborent et communiquent via Internet – souvent raillée comme étant la génération du copier/coller. Mise en cause dans le phénomène du plagiat électronique, elle prend à la limite leur défense. « Beaucoup d'étudiants, écrit-elle, apprécieraient mieux savoir comment s'y prendre pour : réaliser une recherche précise et efficace ; respecter les droits d'auteur ; distinguer une source d'information fiable d'une autre, moins crédible ; identifier les dangers potentiels associés à l'utilisation d'Internet ».
Moins qu'aux étudiants, c'est au manque d'encadrement et de formation qu'il faudra s'attaquer pour venir à bout du plagiat. N. Perreault fournit notamment des indications stimulantes à ses pairs enseignants, pour qu'ils limitent les possibilités de recourir au plagiat. Notamment, en faisant l'effort de varier les supports d'évaluation et la nature des travaux demandés. Demander de traiter d'un sujet très général, sans référence à l'actualité ou à des cas précis, et à l'écrit, c'est ouvrir la porte au plagiat, dit-elle en substance.
N. Perreault recommande aussi d'utiliser toute la gamme des outils d'édition et de visualisation offerts par l'industrie numérique. On comprend effectivement qu'il soit plus difficile de dénicher « la » carte mentale qui colle parfaitement avec celle que l'on doit réaliser, qu'une ressource textuelle facile à copier ! Comme le résume l'auteure sur la diapo 48 de ce diaporama, les enseignants doivent prendre acte des opportunités et menaces liées à Internet, et modifier leur pédagogie et mode d'évaluation en conséquence, plutôt que de tenter de maintenir des postures chaque jour mises en défaut par la réalité.
Les webdiffusions, ensuite (puisque les liens vers les baladodiffusions sont brisés, à l'heure où nous consultons la page). Il s'agit de ressources multimédia (son et vidéo) produites avec Nicole Perreault pour le compte de la Vitrine Technologie-Education, de la Téluq et d'autres organismes.
Enfin, les textes sont des articles rédigés par Nicole Perreault ou à partir d'entretiens avec elle. On y trouvera notamment une série d'articles publiés par Le Devoir en avril 2009, et un lien vers la page Delicious de N. Perreault, qu'elle a alimentée en signets jusqu'en 2010.
Avec cette page de ressources régulièrement mise à jour, Nicole Perreault rejoint le petit groupe d'universitaires et enseignants francophones qui se sont attaqués au phénomène du plagiat mais ne se complaisent pas dans la plainte : ils proposent des solutions qui intègrent la place désormais essentielle d'Internet et des outils numériques dans nos vies en général, et dans les parcours de formation en particulier.
Voir : Nicole Perreault, Le plagiat électronique : définition, exemples, prévention, détection.