Dès la fin de l’été 2018, on a vu apparaître dans la presse en ligne francophone des articles péremptoires sur la mort des MOOC. Tous écrits par de fins observateurs et praticiens de l’enseignement académique, ayant produit des MOOC pour différentes universités.
En substance, le propos est toujours le même : les MOOC n’ont pas apporté de révolution dans l’enseignement supérieur. Leur taux de complétion catastrophique, leur faible qualité pédagogique en font des sous-produits de la culture digitale universitaire. Par conséquent, il est fortement recommandé d’abandonner la production de MOOC, véritable machine à dévorer le temps et l’argent des universités, et de se consacrer à autre chose (la véritable formation en ligne, par exemple). Circulez, ya plus rien à voir.
Ces articles désabusés passent à côté d’éléments importants.
Du MOOC et du marathon
Leurs auteurs s’étonnent (ou font mine de s’étonner) par exemple du taux phénoménal d’abandon dans les MOOC. Qui dit abandon dit engagement à aller jusqu’au bout, à atteindre son objectif. Il n’y a pourtant rien de comparable entre un mooqueur et, disons, un amateur de marathon.
La discipline et la motivation
Vous ne vous êtes probablement jamais engagé dans une épreuve de marathon juste pour voir, parce que vous aimez bien prendre l’air et faire trois tours de parc le dimanche matin. Le mooqueur, lui, s’inscrit volontiers à un cours en ligne « juste pour voir », parce qu’il aime bien le sujet, et que l’inscription ne lui coûte rien. Visionner deux ou trois vidéos, ouvrir une lettre d’information, c’est l’équivalent des trois tours de parc. C’est bon pour la santé et le moral, mais ça ne fait pas de vous un athlète – ni un apprenant de haut vol.
Car apprendre seul requiert une véritable discipline. Est-elle moins exigeante que celle du marathonien ? Étant plutôt bonne en apprentissage autonome et nulle en marathon, je ne saurais en juger. Et s’il m’est arrivé de rêver d’être capable de courir sur de longues distances, j’ai toujours renoncé devant l’effort que cela présupposait, les heures de souffrance, les moments prévisibles de découragement profond. Du rêve à la réalité, il y a une épaisseur de motivation que je n’ai pas. Du moins, pas pour le marathon.
Le rêve du savoir instantané
De la même façon, on peut s’inscrire à un MOOC parce que l’on a toujours rêvé de comprendre la philosophie antique, le langage Python, la dérive des continents ou les bases du chinois. Les MOOC jouent énormément sur cet imaginaire du savoir : la simplicité de l’inscription laisse penser que l’accès au savoir est devenu immédiat, qu’il ne se mérite pas. Alors qu’une fois inscrit eh bien ma foi, vous ne savez rien, vous êtes juste… inscrit. Et c’est là que les choses sérieuses commencent.
Avec ou sans MOOC, avec ou sans numérique, apprendre requiert un effort. Un effort orienté, méthodique, efficace. Or, il n’est pas dit que le visionnage de vidéos puisse être considéré comme un « effort efficace », en matière d’apprentissage. Si tel était le cas, nous devrions tous être extrêmement savants, avec tous les magnifiques documentaires que nous avons regardé à la télévision, depuis toutes ces années. Est-ce vraiment le cas ?
Au-delà de toutes ces considérations sur l’apprentissage et l’effort, nous invitons ceux qui enterrent les MOOC à élargir leur perspective, et à regarder au-delà de l’enseignement académique. Car des MOOC qui marchent, il y en a. Mais pas nécessairement là où on les attend.
MOOC, success stories
Prenez par exemple le MOOC d'initiation à la botanique distribué à deux reprises par Tela Botanica. Près de 60 000 personnes ont suivi ce MOOC aux contenus exigeants. Leur activité en ligne équivaut à 90 000 heures (soit 11 700 journées) de formation. 22 % des inscrits à la 2e session ont obtenu leur attestation de formation.
Plus fort encore : le MOOC Botanique s’est autofinancé pour une part significative, grâce aux dons des inscrits qui, fort naturellement et souvent après y avoir goûté, ont accepté de co-financer leur formation. Le bilan pédagogique complet de ce MOOC est en téléchargement sur le site de Téla Botanica. Et un nouveau MOOC ouvre bientôt, cette fois consacré aux Herbes folles, maladroitement appelées les « mauvaises » herbes. Tout un symbole !
Regardons maintenant les MOOC Culture réalisés par la Fondation Orange et de grands musées nationaux. Le 8e d’entre eux vient d’ouvrir (L’art moderne et contemporain en 4 temps, Centre Pompidou). En 4 ans, plus de 120 000 personnes ont suivi au moins l’un de ces MOOC. Les « mooqueurs récidivistes » se comptent par milliers. Certains ont même suivi l’intégralité de la série ! Dans quelques semaines, le MOOC « Une brève histoire de la photographie » commencera. La communauté se rassemble peu à peu, notamment sur Instagram. De beaux moments en perspective !
L’école des Gobelins pour sa part propose un MOOC à grand succès, Réaliser des vidéos pro avec son smartphone. 3 distributions ont rassemblé 30 000 personnes, parmi lesquelles plusieurs centaines ont produit des court-métrages élaborés.
Scénarisation, cadrage, éclairage, montage… Les participants se sont soutenus les uns les autres tout au long du parcours. Un pur bonheur ! L’école des Gobelins récidive dès le mois d’octobre 2018 avec un MOOC dédié à l’animation 3D.
Le MOOC Gestion de projet enfin, en est à sa 12e diffusion. Un record ! L’équipe de Rémi Bachelet améliore sans cesse le produit, et le public suit. Seul MOOC adossé à une école supérieure dans notre courte sélection (non exhaustive) de MOOC à succès, il permet d’obtenir des crédits ECTS.
Pas de recettes mais des points communs
Ces quatre exemples ont plusieurs points communs.
Tous les MOOC cités sont extrêmement qualitatifs. La conception pédagogique est soignée, les médias aussi.
Les participants sont invités à apprendre activement. A côté des discours, de l’action ! Y compris pour intégrer des savoirs dits abstraits. Oui, même regarder un tableau s’apprend en faisant !
La communauté y joue un rôle fondamental, tout comme l’animation de cette communauté. Point capital : ils intéressent un large public, qui mobilise des habiletés et des motivations variées pour les suivre.
Alors, les MOOC sont-ils morts ? Manifestement pas. D’ailleurs, il s’en ouvre chaque jour, sur tous les sujets. Et les plus populaires ne sont pas nécessairement réalisés par les écoles et universités les plus prestigieuses, et distribués sur les plus grandes plateformes… Ce sont ceux qui rencontrent les attentes du public, qui permettent de doser l’effort, qui offrent un cadre sécurisant et convivial.
D’ailleurs, aux Etats-Unis, un MOOC « maison » réalisé par une femme aidée de sa famille, a réuni plus d’inscrits que tous les MOOC de Harvard réunis. Son nom ? Apprendre à apprendre… Il y a probablement là des recommandations dont quelques-uns pourraient tirer profit.
Un psychologue s’est intéressé dans les années 1970 aux moteurs de la motivation. Il a résumé sa théorie par le «Flow», un état de performance et de concentration dans lequel tous peuvent se retrouver à certains moments. Il n’est pas toujours aisé d’y plonger mais cela peut se faire et mener à plus de productivité et de satisfaction.
[email protected] est un système intégré de référence auto-apprenante connecté aux humains et les supportant dans leurs activités avec toujours plus de précision. Découvrez le lauréat du Prix de l'innovation Inria 2020.
Les joueurs font des merveilles avec. Les joueurs peuvent aussi aider les enseignants à améliorer leurs vidéos et l'animation de leurs cours vidéo en ligne.
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