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Publié le 24 mars 2015 Mis à jour le 24 mars 2015

Où en est-on avec la valorisation des formations professionnelles en Afrique ?

Vers une renaissance de la formation professionnelle en Afrique

Le débat sur la qualité de la formation en Afrique ne fait pas que commencer. Inadéquation entre formations et emplois, formations jugées trop théoriques, manque d’infrastructures, tout (ou presque) semble avoir déjà été dit sur les limites des formations professionnelles en Afrique.

Cependant, loin de se décourager, les gouvernements semblent afficher une réelle volonté de placer la formation professionnelle au cœur du processus de développement de leurs pays. Qu’en est-il réellement ? Les États africains ont-ils les moyens de leur politique ?

La formation technique et professionnelle : parent pauvre des politiques éducatives et pourtant …

Comme l’affirmait le magazine Voix d’Afrique, dans son numéro 97 :

« Dans la plupart des pays africains, l’enseignement général, purement théorique, a la part belle. Il produit des individus à la culture générale variée capables seulement de travailler dans des bureaux (…) De plus, nombre de jeunes diplômés, même de l’Enseignement Supérieur, connaissent le chômage car ils ne possèdent aucune aptitude technique et professionnelle. Qu’il s’agisse des institutions publiques ou privées, la formation professionnelle est très souvent considérée comme réservée aux élèves en difficulté scolaire, les laissés pour compte de l’enseignement général ». Et pourtant, « la formation des jeunes doit être une priorité pour répondre aux besoins du marché local et traiter le problème de l’emploi ».

Une réalité bien triste, ce d’autant plus qu’actuellement en Afrique,

« 70% des jeunes en âge de travailler sont sans emploi, avec un travail partiel ou relevant du secteur informel. D'ici 2020, ce seront 122 millions de jeunes qui arriveront sur le marché du travail. Faisons un rapide calcul : plus de 85 millions de jeunes risquent de venir gonfler les rangs des chômeurs, alors même que le nombre d'emplois non pourvus ne cesse d'augmenter faute des qualifications requises »,

comme le constate Paul Ginies, Ancien directeur général de l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) et consultant international en éducation, nouvelles technologies et développement.

Une situation peu reluisante, qui ne laisse pas indifférents les responsables en charge des questions d’éducation qui semblent vouloir faire de la formation technique et professionnelle, leur nouveau cheval de bataille.

Situer les formations professionnelles au cœur des politiques éducatives, certes …

Les Etats africains semblent avoir enfin compris que « la formation est une des clés de la lutte contre le chômage des jeunes et qu’elle a besoin, pour être efficace, d’être adaptée aux besoins de ceux qui embauchent». Ceci d’autant plus qu’en Afrique, « le chômage des jeunes touche, paradoxalement, davantage les plus diplômés. Cela montre bien l'écart croissant entre les formations et les besoins de compétences » comme le rappelle Paul Ginies.

C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles, on observe depuis quelques années sur le continent, un certain engouement pour ce type de formations.

Ainsi, au Sénégal par exemple, cela passe par la revalorisation du métier de conseiller en formation. En Afrique du sud, le gouvernement, à travers des institutions telles que le Technical Vocational Education and Training (TVET) college, tente de valoriser ces formations, tout en les arrimant aux normes internationales, comme c’est le cas pour la « formation d’ouvriers et d’artisans dont le pays a cruellement besoin pour le développement de l’économie et des infrastructures nationales ».

Des initiatives qui n’émanent pas des seuls gouvernements, cependant. C’est le cas notamment de la Cote d’Ivoire où la diaspora organisait en novembre dernier, en partenariat avec la Confédération africaine de l'enseignement technique, de la formation professionnelle et des innovations (CADETFOPI), la première édition du séminaire des Awards africains de la formation professionnelle et de valorisation des compétences africaines sur le continent. Des initiatives privées auxquelles s’ajoute le soutien des puissances telles que la France qui, lors du Forum Africa-France du 6 février dernier à Paris, a annoncé la création d’une fondation pour la formation professionnelle en Afrique dont le but sera de « former la jeunesse africaine aux métiers de demain ».

Des initiatives qui à terme, permettraient de résoudre nombre de problèmes auxquels l’Afrique reste confrontée, à l’instar du fort taux de chômage des jeunes ou de la pénurie d’une main-d’œuvre qualifiée par exemple. Toutefois, leur mise en œuvre fait problème.

… mais les moyens font (encore) défaut

On le sait, la volonté seule ne suffit pas toujours.

Bien qu’ils semblent avoir compris l’importance et la valeur des formations techniques et professionnelles et surtout, le rôle qu’elles ont à jouer dans l’émergence à laquelle ils aspirent tous (à des horizons divers), on constate qu’ils ne sont malheureusement pas nombreux à posséder les moyens de leur politique. Aux discours, il faut bien associer les actes. Et c’est là que les choses se corsent.

Faire une réforme de l’enseignement professionnel et technique par exemple, n’est pas une chose facile, et, de plus, elle est fort coûteuse, comme le rappelait Voix d’Afrique.

Des nombreux aspects matériels et humains sont également à prendre en compte. Car, ces formations nécessitent des équipements et infrastructures appropriés (machines, outils, bâtiments, etc.), du matériel didactique à jour (manuels de formation) et surtout des formateurs compétents. Et tout ceci a un coût tellement élevé que ce type de formation deviennent inaccessibles pour nombre d’étudiants.

Des problèmes dont la difficile résolution laisse penser que les cursus d’enseignement dit général, ont encore de beaucoup jours devant en eux en Afrique.

Illustration : Photo Africa - ShutterStock

Références

- Revaloriser la formation professionnelle en Afrique. Voix d’Afrique (N°97). 7 janvier 2013. Lien : http://www.burkinapmepmi.com/spip.php?article14313

- Ginies, Paul. 3 leviers incontournables pour relever le défi de la formation en Afrique (1/3): la valorisation du capital humain. Le Huffington Post. 6 septembre 2014. Lien : http://www.huffingtonpost.fr/paul-ginies/formation-afrique-valorisation-humain_b_5550520.html

- Baldé, Ibrahima. Sénégal: Valorisation du métier de conseiller en formation - Le Rafpro adopte un réferentiel. AllAfrica.com 20 décembre 2014. Lien : http://fr.allafrica.com/stories/201412221284.html

- Afrique du sud : L’importance de la formation technique et professionnelle. UBIFRANCE.  20 février 2015. Lien : http://www.ubifrance.fr/afrique-du-sud/001B1501448A+afrique-du-sud-l-importance-de-la-formation-technique-et-professionnelle.html

- Ouverture mardi à Abidjan d’un séminaire sur la valorisation des compétences africaines. APA. 3 novembre 2014. Lien : http://news.abidjan.net/h/514033.html

- Barbière, Cécile. La France veut développer la formation professionnelle en Afrique. EurActiv.fr. 9 février 2015. Lien : http://www.euractiv.fr/sections/aide-au-developpement/la-france-veut-developper-la-formation-professionnelle-en-afrique


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