Au milieu des bouleversements climatiques qui nous concernent tous, émergent des projets et des chantiers innovants tournés vers les océans : il s’agit de faire « face aux enjeux de la transition énergétique et de la préservation de l’environnement ».
EnergyObserver, observer, analyser, expérimenter, partager
C’est le défi que lance l’équipe d’EnergyObserver en embarquant sur le premier catamaran expérimental multiénergies à moteur électrique. Il est question de parcourir les mers pendant 5 ans grâce aux « énergies propres et renouvelables en éprouvant les technologies les plus innovantes (…) sans aucun rejet CO2 », à la rencontre de tous ceux et celles qui agissent au quotidien et proposent « les solutions concrètes d’une évolution soutenable pour nous-mêmes et les générations à venir. »
Alors qu’il est « temps de maîtriser nos énergies », EnergyObserver se présente comme un « voyage collectif à la recherche de tous les savoirs et de toutes les énergies au service de la planète ». Il est « le projet de tous, hommes et femmes, scientifiques, enseignants, inventeurs, collectivités territoriales, entrepreneurs (…) (engagés) pour construire le monde de demain, le premier mouvement technologique, scientifique et humain pour dire et montrer qu’il existe des solutions. »
Le catamaran, véritable laboratoire des énergies renouvelables, doit entreprendre 50 voyages sur les océans, soit 2 000 jours de navigation, en rassemblant étudiants et spécialistes pour observer, analyser, expérimenter et aussi partager et communiquer via les canaux digitaux et les réseaux sociaux.
EnergyObserver fait partie de ces programmes qui tentent de fédérer des partenaires issus de milieux très divers : protecteurs de la biodiversité, promoteurs de la transition énergétique, éducateurs, scientifiques et chercheurs en nouvelles technologies, dans le but « d’ouvrir de nouvelles perspectives positives pour la nature et l’homme », en relayant et développant des solutions innovantes.
Visionnaires à notre rescousse
Les travaux, projets et réalisations de Jacques Rougerie, architecte visionnaire fasciné depuis toujours par les mondes marins, témoignent de ce même engagement.
La Fondation Jacques Rougerie, dédiée à l’espace et à la mer, se veut un lieu de soutien et d’accompagnement pour les nouvelles générations, qui doit les aider à « bâtir le futur (et) un cadre de vie qui prenne en compte et valorise les richesses de la planète ».
« Car c’est de l’espace et de l’océan que naîtra le destin des civilisations à venir », assure l’architecte, nous rappelant sur le site de sa fondation que « couvrant les 3/4 de la surface de notre planète, les océans recèlent d’immenses potentialités pour nous permettre de relever les défis majeurs des prochains siècles. Une grande partie des découvertes nécessaires au futur de l’humanité sont encore immergées au fond des océans (solutions pharmacologiques, énergétiques, alimentaires, etc.). Aussi peu exploré que l’espace qui nous entoure, ce 6ème continent sera bientôt à l’origine d’innovations déterminantes. »
L’architecte-océanographe œuvre à faire travailler en synergie, architectes, ingénieurs, designers « qui inventeront et bâtiront les habitats et modes de vie de demain, valorisant les potentialités de la mer et de l’espace tout en respectant ces univers providentiels. »
La Fondation est par ailleurs soutenue par de nombreuses entreprises mécènes ou des partenaires qui travaillent dans des domaines aussi divers que les fluides et les énergies, les travaux publics, le paysage, les technologies innovantes, l’architecture, le design, le monde artistique, l’urbanisme, …
On trouvera sur le site associé à la Fondation, Jacques Rougerie Database, une présentation de nombreux projets innovants créés par des équipes de toutes les nationalités et qui proposent une nouvelle approche environnementale et sociétale entre l’homme et les océans : plate-forme offshore réhabilitée en usine de désalinisation, afin de redistribuer de l’eau potable aux populations locales, serres flottantes conçues pour répondre au problème de la malnutrition, et bien d'autres innovations encore.
SeaOrbiter, quand l’innovation s’inspire de la nature
SeaOrbiter, le projet phare de Jacques Rougerie,« fait la synthèse de plus de 30 ans de recherches innovantes dans les domaines de l’architecture marine et sous-marine. »
C’est un vaisseau scientifique qui pourrait devenir le successeur de la Calypso, explique le présentateur canadien dans son reportage sur Radio Canada en 2010. En effet ce projet s’inscrit dans la lignée des explorations et expérimentations du célèbre commandant de la Calypso, Jacques-Yves Cousteau, le premier à offrir au grand public une image du monde de la mer à travers les films et documentaires qu’il a réalisés lors de ses explorations sous-marines.
Le navire d’exploration SeaOrbiter, conçu avec l’océanographe suisse Jacques Piccard, est un vaisseau vertical de 51 m de hauteur (20 m au-dessus de l’eau et 31 m en dessous) qui peut accueillir un équipage de 18 personnes qui auront un regard sur la mer 24h sur 24h grâce au pont inférieur submergé.
C’est déjà afin de « mettre des yeux sous l’eau » que Jacques Rougerie a créé en 1982 l’Aquaspace, un trimaran en aluminium muni d’une grande coque de verre par laquelle il observe les dauphins. Pour lui, si on veut comprendre la mer, il faut vivre sous l’eau. Il détient ainsi le record du plus long séjour sous la mer : 71 jours à bord de Galathée, habitat sous-marin conçu dans les années 70.
L’architecte puise son inspiration dans la nature, à partir de l’observation des coquillages et des poissons, la démarche-même de la bionique qui imite le monde vivant. Il compare ainsi SeaOrbiter à un hippocampe.
On trouve, au sommet du navire, une vigie avec deux grandes éoliennes et des capteurs solaires, en dessous le poste de commandement et les laboratoires, sous la ligne de flottaison, les quartiers de travail et de repos.
Toute la zone submergée est en atmosphère pressurisée, afin d’éviter les paliers de décompression aux plongeurs qui pourront effectuer jusqu’à six sorties de 1h à 1h30 chacune, chaque jour !
Les nombreux tests réalisés au Marintek, un des plus grands bassins de recherche d’Europe installé en Norvège, ont permis en outre de constater que sous l’effet de la houle le vaisseau monte et descend comme un piston. Ces observations ont conduit ainsi les chercheurs à développer un moyen de transformer ce mouvement de va-et-vient en source d’énergie.
À l’heure actuelle, l'oeil de SeaOrbiter (sa partie haute) a été réalisé, il est visible à la Cité de la mer à Cherbourg, en Normandie. Jacques Rougerie tente de compléter le financement et envisage la réalisation d’une dizaine de sentinelles des mers destinées à se laisser dériver au grès des grands courants marins, réunissant biologistes, océanographes, astronautes ,…, en mission pour des voyages de six mois, sur toutes les mers du monde, pour veiller à l’état de santé de nos océans et, fonctionnant en réseau planétaire, pour nous informer et nous former.
Illustrations :Plaquette Energy Observer,
Ondablv, licence CC, Flickr et
site Sea Orbiter
Références :
EnergyObserver, le site
http://energy-observer.org/boat_fr.html
Fondation Jacques Rougerie, le site
https://fondationjacquesrougerie.squarespace.com/welcome/#presentation
Des projets innovants sur le site Fondation Jacques Rougerie International Database,
http://jacquesrougeriedatabase.com/
Reportage sur SeaOrbiter, par Radio Canada, 2010,
https://www.youtube.com/watch?v=joHh8nMO0vk
« SeaOrbiter, la future sentinelle des océans », Brigitte Thouvenot, Plongeur.com, mai 2010
http://www.plongeur.com/magazine/2010/05/03/seaorbiter-rougerie-base-oceanographique-mobile-navire-vertical/
« Acco construit la station scientifique Seaorbiter », L'Eclaireur, juin 2015,
http://www.leclaireurdechateaubriant.fr/2015/06/06/acco-construit-la-station-scientifique-sea-orbiter/
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