Quand l’apprentissage est perçu comme un calcul mathématique du temps passé sur la matière enseignée…
Cours intensif de français langue étrangère B1 pour des adultes. Une apprenante me fait part ses objectifs d’apprentissage linguistiques: atteindre en maximum deux mois la fin du niveau B2 et ainsi postuler dans une grande entreprise locale. La solution : cumuler le maximum d’heures de cours dans la journée afin « d’achever » le plus rapidement possible les deux niveaux linguistiques cités. Petit problème : si l’apprentissage d’une langue étrangère se faisait par le simple calcul mathématique du nombre d’heures nécessaires pour un niveau, sans considération du temps d’acquisition, des compétences personnelles, du travail de répétition et d’assimilation, nous serions légion à maîtriser une multitude de langues !
Autre contexte, autre demande, mais même problématique. Un directeur d’établissement scolaire qui vient de faire l’acquisition de plusieurs tableaux interactifs souhaite former le plus rapidement possible ses enseignants à leur utilisation. L’objectif : une maîtrise complète de l’outil à la fin des quelques heures de formation accordées. La plupart des enseignants, conscients des exigences de la direction, arrivent ainsi en formation anxieux, voire angoissés à l’idée de n’être pas capable d’assimiler rapidement la matière, en somme, de ne pas être « à la hauteur ».
Quand le formateur doit transformer les représentations de l’apprentissage pour aider à apprendre…
Face à cette vision mathématique, irréaliste, osons le mot, absurde, de l’apprentissage, comment réagir en tant que formateur ? Comment changer les représentations tout en rassurant l’apprenant sur ses propres capacités d’apprentissage ?
Car il s’agit bien de transformer une vision qui, bien souvent, freine ou empêche le processus d’apprentissage. Commencer sa formation en questionnant d'abord les apprenants sur leurs objectifs d’apprentissage et leurs motivations afin de faire émerger les représentations apparaît ainsi indispensable. Puis, une petite mise au point sur le processus d’apprentissage chez l’adulte peut s’avérer fort utile et parfois salvatrice. Voici quelques points à rappeler :
- L’apprentissage n’est pas linéaire. Il y a des « hauts » et des « bas », des phases d’assimilation et des phases de reconstruction.
- Chacun apprend différemment et à son rythme.
- Les erreurs sont nécessaires et constitutives du processus d’apprentissage ! Quoi de plus étrange pour un formateur qu’un apprenant que ne commettrait jamais d’erreurs ?
- Le processus de mémorisation se fait sur le long terme, par des répétitions régulières et espacées.
- Et enfin, le dernier mais pas le moindre: on ne peut pas forcer quelqu’un à apprendre ! La motivation et le plaisir sont à la base d’un apprentissage réussi !
Illustration : Rawpixel.com - ShutterStock
Références
Site internet d’André Giordan
http://www.andregiordan.com/articles/apprendre/apprendre.html
Enseigner et apprendre : points de repère... - Laboratoire d’enseignement multimédia de l’université de Liège
http://www2.ulg.ac.be/lem/StyleApprent/StyleApprent_CG/page_02.htm
Astolfi Jean-Pierre, L’erreur, un outil pour enseigner, ESF éditeur, coll. Pratiques et enjeux pédagogiques, Paris, 1997.
http://www.decitre.fr/livres/l-erreur-un-outil-pour-enseigner-9782710127451.html
Giordan André, Apprendre !, éd. Belin, coll. débats, Paris, 1999.
http://www.decitre.fr/livres/apprendre-9782701124568.html
Meirieu Philippe, Apprendre…oui, mais comment , ESF éditeur, coll. Pédagogies, Paris, 2009.
http://www.decitre.fr/livres/apprendre-9782710124283.html
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