Changer une organisation d'une manière ou d'une autre est un véritable parcours d'obstacles. Parce qu'en général, l'être humain est réfractaire au changement. Il trouvera toutes les raisons possibles de ne pas avoir à modifier ses habitudes rassurantes. Voilà en quoi un leader a de l'importance pour mener son bateau à bon port et changer la culture d'établissement.
Or, il faut être prêt à subir les perturbations. En effet, le changement est tout sauf une balade pour les directeurs et directrices d'écoles. Heureusement, certains d'entre eux témoignent qu'il est possible de le faire.
Huiler les résistances
Toutes sortes de changements peuvent être faits dans une école, mais le défi reste le même : que tout le monde embarque dans l'initiative. Parce qu'il suffit de quelques dissidents pour que la transition ne se fasse difficilement et que le projet échoue. Alors, arriver comme un éléphant dans un magasin de porcelaine avec ses idées de réforme n'est peut-être pas la meilleure stratégie.
Cette directrice canadienne avait compris cette idée. Elle voulait améliorer le système disciplinaire de son école qu'elle trouvait trop rigide, voulant créer un système de sanctions adapté à la faute. Toutefois, elle a attendu. La première année en poste, elle n'a donc qu'observé les dynamiques dans l'établissement, les problèmes qu'elle notait et ce qui fonctionnait bien. Par la suite, elle a pu petit à petit commencer sa réforme.
Et pourtant, malgré l'approche en douceur, elle a senti la vague de résistance à sa nouvelle approche. En effet, en recevant le sondage d'opinions des professeurs de son école, elle se rendait compte que la motivation de ceux-ci était plus que variable et la moyenne était plus faible que celle des autres écoles de la province. Il lui a donc fallu s'asseoir avec les enseignants, expliquer davantage sa vision, comprendre les irritants, etc. Une approche qui a eu son effet immédiat et qui a permis à la dirigeante de mettre en place son plan.
Démanteler les barrières
Le directeur américain Eric Sheninger comprend très bien tout ce qui doit être fait pour changer les paradigmes éducationnels. Lui qui voulait intégrer le numérique dans la pédagogie a vite compris que cela serait difficile. Ayant déjà été professeur auparavant, il savait que le système d'éducation est très bon pour adopter l'approche : « Si ce n'est pas défectueux, pourquoi le changer? » ou « On a toujours fait ainsi ». Dans une intéressante interview, il explique comment il est arrivé à moderniser son établissement.
À son avis, le bon leadership est celui qui arrive à faire disparaître les barrières que se mettent, entre autres, les enseignants par rapport aux changements. Pour y arriver, il faut que la vision du chef devienne celle commune. Ainsi, il devient alors plus facile de mettre en place les changements et établir une marche à suivre. Il est nécessaire de savoir faire preuve de réflexion par rapport au projet, de noter les bons et moins bons coups et d'être transparent à cet effet. C'est ainsi que la confiance se construit et s'entretient.
De plus, comme il l'affirme, il est capital de ne pas exiger des professeurs qu'ils effectuent des tâches ou des façons de faire qu'il serait impossible de faire soi-même. Par exemple, un directeur qui souhaiterait une introduction des réseaux sociaux en classe sans lui-même les utiliser serait plutôt paradoxal. Prêcher par l'exemple aide donc beaucoup dans l'acceptation d'une réforme.
Un métier en soi
Certains se posent la question, toutefois, si le système de direction actuel – celui en place dans les écoles américaines – est le bon. Pour l'instant, deviennent directeurs seulement des enseignants qui avec les années d'expérience et un peu de leadership. Un cycle vicieux selon certains qui n'est pas adapté au 21e siècle. Il faudrait donc que les individus souhaitant devenir directeurs (dont les professeurs) acquièrent des capacités de leadership contemporaines (vision, culture, capacité de construire, amélioration perpétuelle des compétences).
Le changement peut se faire dans les établissements scolaires, mais imposer la vision d'en haut sans motiver ceux en bas de la pyramide ne vaut rien. Il faut donc que les directions d'école sachent vendre leurs idées tout en prenant compte des inquiétudes et barrières ressenties par les enseignants. Le but étant de faire disparaître ces obstacles et trouver des solutions afin que progresse l'école.
Illustration : dreamerve, shutterstock
Références
Daniel, Chett. "Leading and Managing Change in Schools with Guest Eric Sheninger." Human Resource Consultants for K-12 School Districts. Dernière mise à jour : 18 mars 2015. http://www.k12hrsolutions.com/2015/03/18/leading-and-managing-change-in-schools-with-guest-eric-sheninger/.
Kingston, Sally, and Bob Lenz. "No More Stinky PD!" P21. Dernière mise à jour : 30 novembre 2015. http://www.p21.org/news-events/p21blog/1805-getting-it-right-what-effective-teachers-tell-us-about-21st-century-learning-.
Matthews, Nancy. "The Courage to Lead Change." Canadian Education Association (CEA). Dernière mise à jour : Novembre 2014. http://www.cea-ace.ca/education-canada/article/courage-lead-change.
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