S'il convient de manifester léger, il ne faut cependant pas partir les mains dans les poches. Des sites militants nous renseignent sur ce que peut contenir la panoplie du protestataire.
Anticiper les intempéries, les gaz lacrymogènes, les petites blessures qui peuvent naître des bousculades, mais aussi produire des pancartes... Une préparation en trois temps !
1. S'habiller pour l'occasion
Vous allez marcher, piétiner, peut-être même courir. De mauvaises chaussures peuvent gâcher votre manifestation. Choisissez-les avec soin. Et pour les vêtements, les habitués prescrivent de porter plusieurs couches pour faire face à des variations de température. Alan Henry conseille un sac à dos qui ferme bien, avec une fermeture éclair, et qui protège notamment le portefeuille et les affaires personnelles des pickpockets qui fréquentent parfois les défilés...
En cas de contrôle, il faut aussi pouvoir sortir les autorisations ou les papiers d'identité rapidement. Au mépris de toute esthétique, Alan Henry recommande même la poche ventrale. Mais qui voudrait céder aux revendications de manifestants qui ont un sac banane sur le ventre ?
2. Préparer des pancartes percutantes
Surtout, ne pas faire joli
L'esthétique protestataire vise à montrer l'urgence, la colère et le manque de moyens des manifestants. On utilise de vieux draps ou des cartons comme support. Les marqueurs indélébiles ou de la peinture acrylique noire suffisent. On utilise parfois le rouge, ou d'autres couleurs essentiellement pour leur portée symbolique.

Un parallèle peut être fait avec les affiches de protestation, souvent produites avec des techniques bon marché comme la linogravure ou la sérigraphie. Elles démontrent un souci d'efficacité. Des contours souvent épais et réguliers, des aplats de couleur, des polices de caractères grasses mais sans serif en sont les ingrédients habituels. Les couleurs se limitent le plus souvent au noir et au rouge. Les symboles graphiques compréhensibles par tous, comme les signes routiers, les index tendus, les poings levés peuvent donner de l'impact, comme les photos de magazine découpées.
Tracer des lettres droites
Sans se perdre dans des considérations graphologiques, on comprend que les lignes droites évoquent davantage la détermination que les lignes sinueuses. En particulier, on bannira les lettres creuses et arrondies, comme le style "barbapapa". Pour donner un peu de vie à votre pancarte, et de poids à vos lettres, vous préférerez un feutre biseauté.

Faites des trous
Vous tracez votre slogan sur un drap ? N'oubliez pas de faire des trous à dans le creux des lettres, les O, les P, A ou B, par exemple. En effet, le drap risque de se gonfler comme une voile s'il y a un peu de vent. Les trous limiteront la résistance de la toile. Elle sera moins tendue, et donc plus facile à manipuler.

3. Ne pas y laisser la santé !
Protéger les yeux
Le gaz lacrymogène est un des ennemis du manifestant. Les sites proposent quelques techniques pour en limiter les effets. Ainsi, les porteurs de lentilles sont priés de les retirer avant de se rendre à la manifestation. Elles maintiennent le gaz contre les yeux, et peuvent accentuer les dommages.
Pour réduire le contact avec les gaz, les manifestants sont aussi invités à recouvrir le plus possible la peau et les cheveux avec leur tenue. Et enfin, comme le gaz se fixe sur la peau, il faut éviter de se frotter les yeux !
Quel remède contre les lacrymogènes ?
Le jus de citron ou le vinaigre de cidre sont souvent cités comme remèdes. Ils réduiraient les effets des gaz lacrymogènes.
Les sites conseillent aussi régulièrement le sérum physiologique, pour rincer les yeux. Damien Robinet est élève-infirmier. Il a lui-même expérimenté à ses dépens les effets du gaz lacrymogène. Il nous décrit précisément les effets physiologiques, mais également les réflexes qui lui ont permis de ne pas trop souffrir.
Compléter le sac
Le danger ne concerne pas seulement les gaz lacrymogènes. Les sites de mouvements protestataires proposent des listes d'articles à emporter dans la trousse de secours. Et certaines listes ne se limitent pas au bandage ou à l'antiseptique. Elles sont si complètes qu'on pourrait soupçonner les parents des manifestants de poster sur les forums...

Pour compléter le sac, on n'oubliera pas la bouteille d'eau et les biscuits ou la pomme... utiles si la manifestation dure plus longtemps que prévu.

Attention cependant. A trop anticiper les tracas et les problèmes, notre manifestant risque d'alourdir son sac alors que beaucoup d'actions de protestation ou de revendication exigent au contraire d'être mobile.
Illustrations : Frédéric Duriez
Ressources
Alan Henry - How to Protest Safely and Legally
http://lifehacker.com/5859590/how-to-protest-safely-and-legally
Jacky Durand et Gilles Wallon - Face aux lacrymos, sortez couverts — Libération - 23 mars 2006
http://next.liberation.fr/vous/2006/03/23/face-aux-lacrymos-sortez-couvert_33981
Damien Robinet "Bombe lacrymogène, arme fatale", 15 mai 2015 http://mesanneespourdevenirinfirmier.over-blog.com/bombe-lacrymogene.html
Guity Novin - A history of graphic design - Chapitre 60 : posters in social protest, consulté le 19 mars 2016
http://guity-novin.blogspot.fr/2012/08/chapter-60-posters-in-social-protests.html
Jean Paul Achard : 415 affiches de mai-juin 1968, consulté le 19 mars 2016
http://jeanpaulachard.com/mai/
Voir plus d'articles de cet auteur