La téléréalité caracole en tête des records d’audience en Europe. Elle occupe massivement le paysage audiovisuel et assure une présence forte sur toutes les tranches horaires télévisuelles, relayée par Internet.
La France, comme de nombreux pays, n’échappe pas à cette logique bien qu’elle se targue de ne proposer que des versions édulcorées et « éthiquement acceptables ».
Hypocrisie et jeux de dupes
Beaucoup d’entre nous regardent ce type d’émissions mais peu déclarent y trouver un intérêt. Au pays des Lumières, la téléréalité est un vice honteux et si l’on peut avouer une addiction à une série télévisée, affirmer sa passion pour les « reality show » est des plus abjectes, notamment chez les plus âgés et les plus aisés. Enfin, c’est ce qu’ils disent ….
Regardez d’ailleurs les commentaires d’articles portant sur la téléréalité. Qui y trouve-t-on ? A la fois des téléspectateurs qui assument avec décomplexion le fait de regarder ces émissions et les irréductibles qui dénigrent ce genre de programme qu’ils ne regardent jamais. Mais d’ailleurs, pourquoi en parlent-ils ? N’ y a-t-il pas une fascination inconsciente ?...
Les juniors s’y intéressent
Les adolescents passent en moyenne 2h45 par jour devant la télévision. Ils sont donc forcément confrontés aux "reality shows" directement, ou indirectement via les réseaux sociaux. Ils sont souvent au fait des intrigues en cours, des personnages et de leurs répliques cultes. Il est fort à parier que les jeunes français connaissent mieux le « Non mais allô quoi» de Nabilla Bénattia que le « Je pense donc je suis » de René Descartes.
Faut-il s’en inquiéter ? Alain Lieury, chercheur en psychologie cognitive à l’UEB (Université Européenne de Bretagne) Rennes 2 et spécialiste de la mémoire, a réalisé en 2014 une enquête sur les pratiques de loisirs des ados et leur impact sur les résultats scolaires. L’échantillon était constitué de 27.000 collégiens de classe de troisième interrogés sur leurs loisirs favoris et testés sur des QCM permettant d’évaluer leurs performances en maths, lecture, compréhension et mémoire de connaissances. La conclusion de cette enquête interroge : 42% des ados regardent de façon assidue les émissions de téléréalité, ce qui influence la forte dégradation de leurs résultats scolaires: un différentiel de « 11 points pour les résultats en maths, et -16 % pour l’acquisition des connaissances ». Les écarts de notes entre des élèves privilégiant largement le visionnage d’émissions de téléréalité plutôt que la lecture dans leurs loisirs atteint 35%. « Autrement dit, là où un élève qui lit régulièrement obtiendrait une note de 14 sur 20, celui qui serait pendu à la télé n'obtiendrait que 8,4 sur 20 ».
Cette enquête complète d’autres travaux de recherches et études de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l'Education nationale, relayée par Les cahiers pédagogiques.
On se doutait de l'impact négatif de la téléréalité mais que faire ? Que faire de ce fossé entre une école qui a pour vocation de former des citoyens libres et éclairés, grâce à l’étude et la réflexion intellectuelle, parfois douloureuse, et un système de divertissement qui fonctionne sur une confusion entretenue entre rêve et réalité ?
L’École, source de tous les maux et de toutes les aspirations a-t-elle un rôle à jouer dans l’éducation à la culture télévisuelle ? Cette question fera bondir plus d’un enseignant qui ajoutera l’éternel « jusqu’où ira le nivèlement par le bas ?... ». Et pourtant….
La téléréalité, un objet d’étude, pas une fin en soi
Le rôle de l’enseignant n’est pas forcément de conforter les élèves dans des habitudes télévisuelles qui sont éloignées des objectifs de formation et d’éducation de l’Ecole. Accepter la téléréalité comme un élément culturel à part entière, c’est aussi l’intégrer comme objet d’étude en classe, un objet à décortiquer, à analyser, afin d’aiguiser le sens critique et briser les fantasmes d’une réalité qui n’en a que le nom.
C’est accepter que les élèves soient séduits par des intrigues et des personnages qui leurs sont destinés, faire preuve de bienveillance envers des adolescents qui restent maléables à souhait pour une industrie du divertissement. C'est leur offrir de nouveaux éclairages et les conduire à restaurer la réalité de l’environnement auquel ils sont confrontés. C’est le contraire de la moralisation des apprentissages mais d'avantage un accompagnement vers la compréhension de nouveaux objets culturels.
Agitez la classe
La téléréalité est un objet d’étude qui couvre de nombreux champs disciplinaires et permet d’illustrer et d’approfondir des thématiques variées. Pour construire un scénario pédagogique à partir d’un contexte intégrant un aspect de la téléréalité ou une émission précise, il est nécessaire de bien baliser la séquence. En effet, partir d’une situation de téléréalité est un pari risqué car les élèves s’enflamment rapidement. Les réflexions fusent (comptez au moins 2 minutes qui vous sembleront très très longues…) et le vocabulaire des élèves est très « cash ». Mais cet exutoire est le passage indispensable pour accrocher votre public. Vous pourriez même être surpris de leur recul. Ensuite, votre séance sera des plus interactives d’autant que votre déroulé est ponctué d’extraits vidéos, de photos, de phrases cultes, de tests, ….
Pour vous aider à intégrer la téléréalité dans vos scénarii pédagogiques, je vous propose sur Thot Cursus une série d’articles portant sur des thématiques diverses qui peuvent être intégrés dans différents champs disciplinaires. Nous pontuerons chaque article de sources documentaires, d'exemples, et de propositions pour intégrer le numérique dans votre séquence.
Dernier conseil
Pour la semaine prochaine, je vous propose de visionner cette vidéo qui est un condensé des concepts clés permettant de comprendre sur quoi repose la téléréalité et de quelques types d’émissions cultes.
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