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Publié le 19 février 2017 Mis à jour le 19 février 2017

Quand le volontariat étudiant devient nuisance

Partir à l'étranger, bien, mais encore faut-il véritablement aider...

Même s’ils suivent une formation, les étudiants traditionnels peuvent se chercher. En effet, ils sont de jeunes adultes plongés dans un monde incertain et dont même la diplomation ne garantit pas un avenir radieux. Dans un tel contexte, certains sont tentés au cours ou à la fin de leurs études d’aller faire un voyage humanitaire. Le but se veut certainement noble : aider des communautés plus défavorisées d’autres pays. Et si l’idée n’est pas neuve, aujourd’hui, elle est devenue une affaire.

Ce qu’on appelle le « volontourisme » (néologie combinant « volontariat » et « tourisme ») est extrêmement populaire et très lucratif. Selon cet article du Huffington Post Québec, les marges de profit avoisineraient 30 à 40 % contrairement au tourisme normal. Bref, il y a de quoi faire saliver quelques entrepreneurs qui voient en ces gens désireux d'aider une manne qu’il ne faut pas laisser passer. Or, au-delà de l’aspect financier, est-ce que ces étudiants qui désirent faire du développement international sont un plus? Privilégie-t-on l’argent plutôt que l’éthique? Jusqu’à maintenant, personne ne s'interrogeait sur ces sujets. Depuis, le débat a lieu.

Plus de mal que de bien?

La question peut paraître horrible. Comment peut-on dire à des individus qui désirent ardemment aider d’autres personnes qu’ils risquent de nuire? Toutefois, elle doit se poser. Particulièrement à la lumière de ce témoignage d’une journaliste canadienne qui s’est lancé dans ce type de voyage. Elle y raconte qu’elle s’est retrouvée dans un orphelinat au Cambodge. Un établissement spécialisé qui prenait soin de petits lourdement handicapés. Or, comme bien des participants, elle n’avait aucune expérience ou compétence particulières. Alors, on lui a demandé de peindre une fresque… comme bien des volontaires avant elle. Ou d’être en relation avec les enfants, ce que les spécialistes de l’UNICEF n’aiment pas parce que les orphelins sont alors constamment abandonnés par les bénévoles qui vont et viennent, ce qui crée une plus grande détresse psychologique chez eux.

La critique majeure du volontariat est donc il n’y a pas de formation préalable avant de partir. Conséquemment, des étudiants vont aider des communautés qu’ils ne connaissent pas ou peu, sans connaissances de la langue locale et sans compétences particulières. Au point où finalement ils doivent être encadrés par du personnel déjà débordé alors qu’elles devraient leur être un soutien supplémentaire. Cela, sans compter, qu’ils sont nombreux à se présenter dans un pays qui peut être confrontant au niveau des valeurs. Après tout, certains endroits n’ont pas la même vision des rapports sociaux ou des minorités. La bonne volonté ne suffit pas, malheureusement.

Mettre l’éthique en premier

Conséquemment, des universités commencent à mettre en place des formations et se donner des codes d’éthique afin d’éviter de mauvaises expériences. Entre autres, les étudiants de l’Université du Manitoba doivent obligatoirement suivre une formation sur le service, l’action communautaire éthique et les compétences interculturelles. D’autres universités canadiennes ont aussi emboîté le pas, particulièrement à cause de l’engouement autour de la coopération internationale.

Il faut dire que certains chercheurs ont donné aux établissements universitaires des pistes de réflexion. Par exemple, le regroupement «Universités Canada» cite les différents travaux de recherche de Rebecca Tiessen et Kate Grantham sur la mobilité nord-sud. Elle traite dans ces articles, uniquement offerts en anglais, des questions éthiques, du financement, de l’évaluation des programmes ainsi que de l’implication des facultés et le développement de partenariats avec des organismes.

Une participation à un programme de coopération internationale peut être une expérience fort enrichissante pour un étudiant. Toutefois, il doit être en mesure d’apporter quelque chose de concret et utile en plus d’être respectueux de la communauté dans laquelle il se trouvera. Un travail qui doit être fait en amont par les universités afin de collaborer pertinemment avec les organisations internationales.

Illustration : ffang55tw via Foter.com / CC BY-NC

Références

Hachey, Isabelle. "Plus De Mal Que De Bien." La Presse+. Dernière mise à jour : 9 janvier 2016.
http://plus.lapresse.ca/screens/98b8c227-78a9-4bb8-8071-77c6d0570f59%7CI2rIIq53D6k0.html
.

Macdonald, Moira. "L’envers Du Bénévolat Touristique." Affaires Universitaires. Dernière mise à jour : 8 février 2017. http://www.affairesuniversitaires.ca/articles-de-fond/article/lenvers-du-benevolat-touristique/.

"Recherche Nord-Sud." Universités Au Canada. Consulté le 15 février 2017. http://www.univcan.ca/fr/programmes-et-bourses-detudes/recherche-nord-sud/.

Venne, Amélie. "Volontourisme Ou Coopération Internationale?" Le Huffington Post. Dernière mise à jour : 23 février 2016. http://quebec.huffingtonpost.ca/un-seul-monde/volontourisme-aide-humanitaire-industrie-ethique-voyage-tourisme_b_9274696.html.


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