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Publié le 18 septembre 2017 Mis à jour le 18 septembre 2017

Analphabétisme linguistique

Comment apprendre une langue dont le système graphique est différent du nôtre ?

Apprendre une nouvelle langue, que ce soit par plaisir ou par obligation, est un véritable parcours du combattant. Il ne faut avoir peur ni du temps que cela prendra, ni des difficultés et autres épreuves qui risqueront d’être rencontrées lors de cet apprentissage.

Outre le vocabulaire, la grammaire, la phonétique, voire la culture même du contexte linguistique, le principal défi peut être d’une toute autre nature : la graphie.

En effet, même si des langues comme l’allemand ou le latin font peur par la complexité de leur vocabulaire et de leur grammaire, elles n’en demeurent pas loin identiques et « réconfortantes » du point de vue graphique et scriptural. Certes, on sait que l’apprentissage sera ardu et périlleux, mais on pourra espérer approcher une certaine aisance linguistique à les pratiquer. Là où le bât blesse, c’est quand on devient véritablement « analphabète » : ne pas pouvoir lire ou déchiffrer les caractères linguistiques écrits … On doit alors fournir un indéniable effort intellectuel pour passer outre cette problématique. Mais est-ce possible ? Petit tour d’horizon avec deux exemples de systèmes graphiques et proposition de solutions !

L’exemple du japonais et ses 3 systèmes d’écriture

Quel fan de manga ou d’animation japonaise n’a jamais rêvé de maitriser la langue japonaise ? Allez, j’avoue, moi aussi je me suis prêtée au jeu ! J’ai essayé plusieurs méthodes de langue, traditionnelles (format papier, comme Japanese for busy people), mais aussi numériques (comme Rosetta Stone) ou encore des applications (Duolingo vient de sortir une version, malheureusement destinée pour l’instant exclusivement à l’usage d’un public anglophone).

Déjà, si du côté du vocabulaire, l’effort intellectuel n’était pas trop intense (en fait, le lexique est plutôt simple), c’est au niveau de la grammaire que cela se compliquait un peu, mais le véritable défi, c’était au moment de passer à l’écrit…

Même si chacun de ces programmes proposait une approche « en douceur », c’était vraiment compliqué de se rappeler des différents caractères, idéogrammes et autres signes scripturaux… Le seul truc ici que j’ai trouvé ? Apprendre des mots et tenter de repérer les caractères similaires. Bon courage !

Il faut avouer que ce système est particulièrement difficile pour les francophones, car à défaut d’un type de caractères, cette langue en dispose de 3 :

  • un logogramme (kanjis);
  • deux syllabaires (hiragana et katakana);
  • un alphabet latin, plus restreint (romaji).
     

En furetant un peu sur Internet, je suis tombée sur un site intitulé kanpai qui offre le pari prometteur d’apprendre les hiragana et katakana en trois jours (en fait, quand on lit le détail de la méthode, c’est plutôt une semaine : 3 jours par système + jour de bilan final). Selon l’auteur de cette méthode, il suffit juste d’être discipliné de la sorte :

  • jours 1-3 : apprentissage des hiragana;
  • jours 4-6 : apprentissage des katakana;
  • jour 7 : combinaison et apprentissage final des deux systèmes.
     

Bon, j’avoue être quelque peu dubitative quant à la pertinence de ce programme, qui semble bien lourd (l’auteur suggère un minimum de 2 heures par jour, même s’il souligne que ce ne doit pas être du « bourrage de crâne »), mais bon, pourquoi pas… à essayer, donc !

L’exemple du russe et son alphabet cyrillique

Le russe, autre exemple ô combien probant de notre analphabétisme linguistique ! Je suis fascinée par cette langue et cette culture, et là encore, je m’y suis essayée. Mais là, bizarrement, ce n’était pas tant le côté scriptural qui me dérangeait le plus (la grammaire, oui !).

En effet, quoique différent du nôtre, l’alphabet russe, dit « cyrillique », demande un peu de concentration, mais n’est pas très difficile. En fait, sur les 33 lettres que comporte cet alphabet, seules 15 seraient réellement à apprendre par un locuteur francophone (avec quelques bases de grec ou des souvenirs de mathématiques !) … on est bien loin des 5 000 caractères chinois élémentaires à connaître avant de pouvoir lire un basique journal !

En fait, l’alphabet cyrillique se compose de plusieurs lettres d’origines différentes :

  • 7 lettres latines : A, E, K, M, O et T. On peut ajouter aussi 3 qui se prononce Zé (oui, 3 n’est pas vraiment un caractère latin, mais au moins on le connaît !)
  • 9 lettres grecques : Б (B), Г (Gué), Д (D), У (Ou), Ф (F), П (P), С (S), Р (R), Л (L)
  • 15 lettres russes (c’est là que tout se complique !) : И (I), Й (Yeu), Ц (Tseu), Ч (Tsheu),Н (N), Ш (Sheu), Щ (Shsheu), Х (Kha), Ы,  Ж (J), В (V), Э (Hè), Ю (You), Я (Ya) et Ё (Yo)
  • 2 signes particuliers (ce ne sont pas des lettres mais des signes particuliers avant les lettres pour les adoucir ou les durcir) : Ъ (I dur) et Ь (I mou)
     

Bon, allez, c’est dit, après cet article, je me remets au russe, c’est plutôt encourageant, non ?!

Finalement

En conclusion, on peut affirmer que le fait qu’une langue soit écrite dans un alphabet différent de celui auquel on est habitué puisse déranger, voire empêcher toute volonté d’apprentissage. Cependant, au vu des deux exemples mentionnés ici, on peut penser qu’il existe un type de solution propre à chaque langue qui présente la même difficulté. Internet et son intarissable source de données sera certainement là pour nous aider, le tout étant de trouver, puis de tester la méthode proposée !

Bien évidemment, j’aurais pu également parler du grec, de l’arabe, voire de l’elfique de Tolkien, en ayant recours à des applications comme Duolingo, Babbel ou autres sites Internet…

Terminons par un petit souvenir de voyages pour illustrer encore notre sujet du jour : en vacances à Hong-Kong (rappelons-le, sous tutelle britannique pendant 100 ans, il ne reste plus grand vestige de langue anglaise de nos jours, n’espérez donc pas (ou peu) trouver de l’anglais, que ce soit écrit dans les rues et les magasins, ou encore en discutant avec le vulgus pecum !), j’avais eu la possibilité de passer la journée à Macao, et ô joie, quel grand bonheur que de pouvoir lire ! Certes, c’était du portugais (qui est encore aujourd’hui une des deux langues officielles, avec le cantonnais), mais au moins, je n’étais plus analphabète !

Illustrations 

- alphabet russe, https://goo.gl/images/R3ePDH et https://goo.gl/images/XxAgSY  

alphabet japonais, https://goo.gl/images/arGtNu 

Sources :

Apprendre d’alphabet cyrillique : http://russie.fr/apprendre-alphabet-cyrillique

Apprendre en 3 jours l’alphabet japonais : https://www.kanpai.fr/japon/apprendre-hiragana-katakana-en-3-jours.html

Langues à Macao, https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_à_Macao


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