« La paix n'est pas l'absence de guerre, c'est une vertu, un état d'esprit, une volonté de bienveillance, de confiance, de justice. »
Ainsi parlait Baruch Spinoza, philosophe Hollandais du XVIIe siècle.
Et cette justice, justement, qu’en est-il ? Peut-on encore parler, de nos jours, de la reconnaissance et du respect des droits de chacun, d’équité ?
Certes, même si l’instruction civique s’apprend bien moins qu’au siècle dernier dans les salles de classe, on note toutefois un regain pour les valeurs républicaines et la nécessité de transmettre aux enfants d’aujourd’hui les notions de paix et de justice, et ce, afin de forger le monde de demain, un monde multiculturel où chacun, en dépit du fait qu’il soit noir ou blanc, Européen ou Asiatique, Chrétien ou Musulman, francophone ou russophone… puisse trouver sa place et y vivre en harmonie avec les autres.
Mais comment prôner la paix quand la barrière de la langue existe d’un pays à l’autre ? Comme le dit si ironiquement l’humoriste Marocain-Canadien-Français (rien que sa multinationalité laisse déjà rêveur !) Gad Elmaleh,
«la véritable barrière de la langue, c’est les dents.»
ou plus simplement, toute barrière est faite pour être franchie, et c’est justement ce que propose l’Unesco avec son manuel intitulé « J’écris la paix».
L’Unesco, la paix et les langues
Avant toute chose, il conviendrait de revenir brièvement sur l’Unesco. L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (en version française) peut se résumer en une phrase :
« construire la paix dans l’esprit des hommes et des femmes ».
Six langues officielles peuvent être utilisées : l’anglais, le français, l’espagnol, le russe, l’arabe et le chinois. Sa vocation est la coordination de la coopération internationale en éducation, sciences, culture et communication.
J’écris la paix
Publié à la fin 2017 par l’Unesco, l’auteur du manuel «J’écris la Paix», Éric Cattelain, est un linguiste, expert en communication interculturelle. Ce manuel se décline d’ailleurs en français, anglais et arabe (chacune des versions est téléchargeable gratuitement).
L’objectif de ce projet, destiné aux 8-14 ans, est de prendre conscience de l’interdépendance des cultures en faisant découvrir aux enfants des écritures contemporaines, leurs histoires et leurs emprunts et de se familiariser un peu plus avec ce qui leur semble si inconnu et différent.
Quelles langues ?
L’Unesco a voulu frapper fort en proposant pas moins de 24 alphabets, écritures ou autres systèmes scripturaux :
- Les écritures : chinoise, japonaise, dongba, vietnamienne, bamoun et mandombe.
- Les alphabets : grec, latin, hébreu, géorgien, berbère, arabe, arménien, cyrillique, mongol et coréen.
- Les alphasyllabaires : éthiopien, khmer, tibétain, devanagari, thai et inuktitut.
- Le système braille.
- Le syllabaire cherokee.
Les jeunes lecteurs peuvent donc se familiariser avec divers alphabets, ce qui leur permet aussi de voir à quel point certaines langues peuvent différer de la leur, prenant ainsi conscience de la diversité linguistique, mais aussi culturelle inhérente au monde entier.
Le manuel
Chaque double page (voire quadruple page pour certaines langues) présente une écriture différente. L’organisation demeure la même, de façon à ce que l’enfant s’y retrouve aisément :
- La langue et ses informations (date d’apparition, invention, création)
- Son système d’écriture (alphabet, syllabaire, autre)
- La transcription des mots « paix » et « bonjour »
- La famille de langues à laquelle cette écriture appartient
- Sa petite histoire, du moins, ce qu’on en sait !
- Les curiosités, détails et anecdotes qui s’y rapportent
- Un atelier, où l’enfant pourra lui-même interagir avec la langue découverte.
Chacune de ces pages est parsemée d’exemples, de dessins et d'illustrations colorées, aptes à susciter la curiosité du jeune lecteur et à lui donner envie de poursuivre l’investigation, ce qu’il pourra finalement faire par le biais de l’atelier qui lui donnera la possibilité d’écrire à son tour des messages de paix dans la langue indiquée (un corrigé se trouve à la fin du manuel).
De même, on pourra trouver, dans les dernières pages, un glossaire répertoriant les mots difficiles, ainsi qu’un index renvoyant directement aux pages où les mots sont mentionnés.
Pourquoi c’est original ?
«J’écris la paix» s’inscrit dans une idée de justice, de paix et d’égalité, des notions fondamentales dans la société.
C’est permettre aux enfants de voir que, même si des langues, des écritures, des peuples sont différents, ils n’en restent pas moins humains et partagent la même planète que nous. Les enfants apprennent à se familiariser et à se réunir plutôt que se déchirer et s’entretuer.
Finalement…
Comme l’Unesco le dit si bien :
« À l’heure du numérique et de ses bouleversements majeurs, J’écris la paix est une manière de nous rappeler à une autre révolution décisive : celle qui, il y a 6 000 ans, vit l’avènement de l’écriture. »
Prendre conscience des différences des autres et les accepter, c’est aussi s’accepter soi-même et mieux comprendre le monde.
« Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. »
Sources et illustrations
https://fr.unesco.org/news/ou-commence-respect-autres-lancement-du-manuel-j-ecris-paix
Le manuel en français, anglais et arabe (pdf).
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