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Publié le 22 septembre 2008 Mis à jour le 22 septembre 2008

L’accès public à l’Internet : analyse et perspectives françaises

La lecture de l’un des tout derniers ouvrages sur la formation continue intitulée Les espaces publics d’accès à Internet suscite le plus grand respect à Michel Arnaud et J. Perriault pour la simplicité, la clarté et le réalisme de leurs analyses ; lesquelles concernent des ensembles de pratiques de l’Internet en Hexagone. Ce livre, paru chez PUF en octobre 2002, vient aussi enrichir la très riche collection Éducation et Formation où ont été simultanément publiés deux autres ouvrages malheureusement indisponibles en Afrique.

Les espaces publics d’accès à Internet reprennent en réalité les échanges qui s’étaient dérpoulés lors des séminaires organisés en 2001 et 2002 par les auteurs au sujet des lieux d’accès publics aux technologies d’information et de communication et les pratiques qui s’y développent. L’ouvrage présente en effet une somme des réflexions issues de l’observation des objectifs, des pratiques et du fonctionnement des TIC en Union Européenne et singulièrement en France.

En application des décisions du programme e-Europe, la France avait mis sur pied une ambitieuse politique d’installation d’espaces publics numériques dont la caractéristique principale consistait à répondre, pour le parer, au défi de la fracture numérique.

L’une des solutions attendue avait effectivement consisté à offrir aux populations défavorisées un accès gratuit ou à très bas prix au réseau des réseau.

L’Afrique francophone, si prompte à singer la France, n’a douloureusement pas suivi cette politique de réduction de la fracture numérique au sein d’un même pays. Plusieurs pays ont cependant repris, terme à terme, le fameux programme français PAGSI dans leur politique nationale de vulgarisation de l’Internet.

Le groupe de réflexion de M. Arnaud, qui avait de quoi se satisfaire des décisions des pouvoirs publics, s’est néanmoins posé trois questions fondamentales en vue de vérifier que, voire si, cet accès correspondait bien aux objectifs de développement économique et de construction de nouvelles compétences professionnelles. Ce triple questionnement vise les aspects suivants :

  • ces espaces constituent-ils une alternative durable à la consommation privée et favorisent-ils un mode d’usage collectif, source de plus value sociale ?
  • le modèle économique de ces lieux peut-il être envisagé et dans quel contexte ?
  • l’absence de discussion sur la pérennisation de tels lieux n’est-elle pas le fait d’un déficit de positionnement politique, accroissant le malaise des animateurs emplois-jeunes qui travaillent ?

Pour y répondre, les auteurs recourent à huit chapitres détaillés et d’une cohésive cohérence. Le chapitre premier fait l’état des lieux, en cinq points, sur la réduction de la fracture numérique en France à travers les initiatives gouvernementales, associatives ou privées et à travers les collectivités publiques. Deux ultimes points analytiques sur l’évolution des modalités de l’intervention publique et les programmes de recherche en France concluent harmonieusement ce chapitre.

Le chapitre deuxième élabore une réflexion assez large sur les espaces multimédia et la territorialité. Arnaud et Perriault ratissent, outre l’ensemble des la diversification des activités d’une institution publique à l’exemple des bibliothèques publiques et des espaces publics, la mise en réseau autour des points focaux, la mise en synergie pour le développement local et le guichet unique.

Cette diversité des espaces publics indique cependant le rôle prépondérant de l’État français dans la vulgarisation des TIC et leur impact sur le développement local. Cet observatoire représente une précieuse analyse des utilisations des TIC et de leur mode d’insertion au sein de la population entière et de celles des structures qui les favorisent. Car, ainsi que le prévoit le chapitre troisième, ces outils nouveaux se posent en adjuvant au développement économique et social.

En effet, ce chapitre détaille le fonctionnement de sept espaces multimédia choisis dans différentes régions de la France et leur implication dans le développement économique. Ce chapitre trouve son pendant au chapitre suivant, lequel propose la politique d’accueil des publics par ces espaces. Y sont examinés avec intérêt, l’offre de commerciale et les différentes formes de tarifs qui y sont pratiquées. L’exemple des espaces présentés au chapitre 2 sert de vérification au point 3 afin de voir comment prendre en compte l’accès dans l’aménagement architectural.

Un espace multimédia de la ville diffère de son similaire rural quant à son emplacement le plus pertinent. Là-bas, il sera placé à proximité des réseaux de transport, ici, il se situe au centre du village, près d’un restaurant, d’une garderie d’enfants ou d’un commerce. On imagine de tels espaces au Bd Saint-Michel à Paris ou dans la petite commune de Stains, de Drancy, d’Antony ou d’Aubervilliers. Dans l’un et l’autre cas, on s’est demandé, débarquant d’Afrique, et cherchant désespérément où envoyer un mél, si on était véritablement dans la même France technologique.

Le plus beau chapitre à mes yeux est le cinquième. Qui est un modèle d’architecture littéraire en matière de technologie. En fait, il est consacré aux publics et aux principaux usages des infotechnologies. Grâce à des schémas explicatifs, les auteurs identifient, décrivent et typologisent analytiquement les utilisateurs du net par âge et par sexe et par groupe de fréquentation des cybers d’occasion ou régulières. Les types d’usage et les catégories d’usagers sont examinés. L’analyse de ces usages clôture ce beau chapitre que l’Afrique et les spécialistes africains d’analyse pourraient prendre pour modèle.

L’éducation et l’apprentissage trouvent un noble écho au chapitre sixième. Les cinq rubriques qui le composent naviguent entre l’animation et l’accompagnement avec les ratés que peut receler la stratégie d’une éducation populaire ; l’appréciation des approches lilloises et d’Amiens et l’analyse des TIC par le bais de leur insertion dans les écoles. Mais la pédagogie des jeunes et l’andragogie permettent la variation des deux méthodologies qui recourent soit à Pygmalion, soit à la pédagogie de l’acteur collectif.

Les deux derniers chapitres sont soudés l’un à l’autre, qui concernent les nouveaux métiers de la médiation et les politiques publiques. Le chapitre septième évoque les domaines d’intervention et les compétences requises pour parvenir à une bonne animation de ces espaces alors que le dernier chapitre expose les concepts d’espace de politique publics et montre comment ils sont mis en œuvre en France.

Cet ouvrage ne ressemble en rien à des séminaires transcrits. Il faudra louer la mise en forme qui assimile le texte à une réflexion suivie. Un travail de fourmi, riche, minutieux, analytique et peu fatigant. On ne croirait pas à un travail sur les problèmes de technologie et de sciences sociales jumelés. L’ouvrage a le pouvoir du réalisme et de la réalité. Il s’agit d’une veille très fine qui procède, en plus, à une positive critique du rôle de l’État et des associations dans leur pouvoir sur les populations. Je l’ai dit, le réalisme de cet ouvrage est positif. Le livre offre en 200 pages le travail que de nombreuses ONG élaborent encore à travers des projets. La démarche épistémologique satisfait aussi le lecteur le plus rigoureux. Mais, ces points, vous pouvez les énumérer vous-mêmes en vous procurant cet ouvrage de 220 p à 25€


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