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Publié le 24 novembre 2019 Mis à jour le 24 novembre 2019

Comment bien investir dans l'éducation ?

Dans une société qui innove sans cesse, c'est l'enseignant qui peut permettre à l'école de faire face aux défis

Enseignement à domicile

L'école est à la peine. Enseignants en burn-out ou qui abandonnent la profession, enfants qui la considèrent comme secondaire et ne voient en elle qu'un moyen de sociabilisation, parents qui doutent de son rôle, ... Et pourtant, elle reste le principal moyen émancipation sociale. Comment réconcilier les acteurs avec le monde de l'école ?

L'école est affectée par différents facteurs qui ont, pour la plupart, pour origine les technologies, Internet et l'accès aux savoirs.

L'école n'est plus la seule dépositaire de la transmission de savoir


Le besoin se fait sentir de devoir apprendre le code, par exemple du Python; quelques recherches plus loin et vous trouvez un MOOC qui peut vous le permettre. Vous voulez apprendre la photographie, la chimie, la rédaction web, une langue étrangère, ... quelle que soit votre besoin, tout ou presque est accessible gratuitement ou à prix modique. Là où l'école bénéficiait d'une forme de monopole, cette concurrence oblige à repenser le mode de fonctionnement de l'enseignement.

L'enseignement à domicile

C'est d'ailleurs ce que font des parents qui sont de plus en plus nombreux à opter pour le home schooling ou le unschooling. L'école peut parfois être un lieu problématique ou qui exerce une mauvaise influence sur un enfant. Si avant, le premier de classe était cité en exemple, dans certains établissements, il est à présent visé du doigt et qualifié péjorativement d'intello, ce qui lui vaut parfois d'être harcelé.

Cela incite des parents à vouloir retirer leur enfant d'un milieu envers lequel ils sont devenus méfiants et face auquel un individu isolé est parfois désarmé.

Ce mémoire de fin d'études ayant pour sujet les motivations de la pratique de l'enseignement à domicile [1] permet d'en savoir plus à ce propos. L'auteure scinde les motivations en trois types :

  1. Les motivations latentes fruits de réflexions antérieures au choix éducatif en tant que tel
    Les parents pédagogues/idéologues qui pensent avoir la capacité de prodiguer un meilleur enseignement à leurs enfants que le système scolaire.

  2. Les deuxièmes motivations sont dues à  des éléments déclencheurs, et n’ont pour effet que d’accélérer ou mettre en marche un processus jusqu’alors dormant

    Si des motivations latentes existent, ce sont des évènements particuliers qui font franchir le pas. Dans les exemples cités dans le mémoire, il s'agit d'un cas de harcèlement par une institutrice qui a provoqué des TOC (troubles obsessionnels compulsifs) chez la petite victime.

    Un deuxième exemple relate une phobie scolaire et une dépression réactionnelle. La troisième situation ayant pour déclencheur une situation difficile pour les trois filles du couple : l'une était dans un groupe classe violent, l'autre avait une forme de dépression et la troisième avait des difficulté d'apprentissage à cause de troubles dyspraxiques.

  3. Les troisièmes motivations qui apparaissent à posteriori, et participent à la pérennité de cette modalité d’enseignement

    Des motivations peuvent apparaître après la mise en pratique de l'enseignement à domicile. Des familles qui ont pratiqué cette forme d'enseignement avec l'intention que ce ne soit qu'une solution temporaire ont poursuivi grâce à ces motivations.
    - Enseignement à domicile et technologies
    - L'accès aux savoirs tels que décrits ci-dessus et les outils de réseautage en ligne facilitent grandement la démarche des parents qui ont choisi cette voie.

Le monde change l'école est à la traîne

La rigidité du fonctionnement de l'école pose aussi question face au monde changeant. Les projections des incidences de l'Intelligence artificielle sur les emplois, tant du côté créations que pertes, incitent à poser la question sur l'utilité de certaines formations ou le retard dans la mise en place de nouveaux savoirs ou cursus.

Les résultats ne sont pas à la hauteur ni des espérances, ni des montants investis

Si les tests PISA font parfois l'objet de critiques, leurs résultats restent un indicateur intéressant. De ce côté, le monde francophone n'a pas vraiment de quoi être fier surtout en rapport aux dépenses consacrées dans l'éducation.

Sous-financement de l'école ?

Une démarche simple serait de dire que l'école manque de moyens; il suffit donc de lui en accorder plus. Encore faudrait-il que l'argent utilisé le soit utilement au profit du développement et de l'acquisition de savoirs et de compétences utiles pour les apprenants. Il semble que pour le moment certains modèles d'enseignement soient loin du compte. Cet article analyse une étude des Cahiers du Girsef et décrit les différents systèmes éducatifs. Deux conclusions sont tirées :

  • notre modèle (ndlr : celui de la Communauté française de Belgique) est le plus inéquitabl;
  • notre système est le mieux doté, ... Et la conclusion de Lambert est sans appel : « le système éducatif de la FWB est à la fois très peu performant… tout en étant très coûteux.

Il ne s'agit donc sans doute pas que d'une question d'argent, en tout cas pour certains modèles !

Repenser l'école

L'école est un milieu de défiance où il est très facile d'être pris en défaut tant les contraintes de chacun des acteurs sont élevées. Tout le monde surveille tout le monde, ce qui rend chacun craintif et fait tendre vers le formalisme car peu sont ceux qui osent se différencier.

Les enseignants sont eux-mêmes issus du monde scolaire. Ils ont donc été soumis à cette logique du contrôle. Ils adaptent donc leurs pratiques pour s'éviter d'éventuels problèmes, que ce soit vis à vis de l'inspection, de leur hiérarchie, des élèves via des recours, etc. Les pratiques dans les classes évoluent donc peu ou, en tout cas, pas assez vite.

Dans une société qui innove sans cesse, c'est pourtant de l'enseignant et de ses échanges avec les apprenants que peuvent venir les pratiques qui vont permettre à l'école de faire face avec succès aux défis auxquels elle est confrontée.

Cela amène à avoir une réflexion

  • sur le rôle des programmes,
  • sur les tâches administratives,
  • sur la confiance à avoir face à des initiatives,
  • ...

Même si le pouvoir politique dit se préoccuper de l'école, il semble se considérer comme la solution et vouloir garder le contrôle total. Par exemple suite à la baisse des résultats en lecture des élèves néerlandophones de Belgique, la ministre de l'enseignement parle de nouveaux seuils de compétences pour y remédier [3]. S'il ne s'agissait de l'avenir d'enfants, cela prêterait à rire qu'il suffise de mettre cela en œuvre. Cela montre qu'il doit encore se faire au changement de paradigme induit par Internet et les éléments disruptifs.

Sources

[1]  https://dial.uclouvain.be/memoire/ucl/en/object/thesis%3A10460/datastream/PDF_01/view

[2]  https://plus.lesoir.be/232048/article/2019-06-22/une-reforme-de-lenseignement-en-fwb-une-urgence

[3]  https://www.7sur7.be/belgique/la-qualite-de-l-enseignement-flamand-en-net-recul~a94febc9/


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