Qu’entend-t-on
par littérature de jeunesse numérique?
La
littérature de jeunesse numérique est, selon Bootz « une œuvre
créée et lue dans un dispositif numérique, », une œuvre qui
en « exploite les particularités et ne sort jamais du monde
numérique. » Dans cette définition, il exclut les versions
numérisées.
Il définit trois genres appartenant à la littérature numérique :
les textes construits par le lecteur au fur de à mesure de sa
navigation
les textes conçus par le logiciel plus ou moins aléatoirement au
fur et à mesure de la lecture
la poésie numérique avec ses formes écrites sur l’écran qui
sont instables et qui se meuvent sous les yeux du lecteur.
Pour
L.Perret, la littérature jeunesse numérique, telle qu’elle
apparaît dans les applications disponibles sur tablettes avec
Android et Apple, se caractérise par une association d’images
fixes, d’images animées, de musique et de son(bruitage). Pour
elle, cette littérature numérique semble plus adopter une partie
des codes d’animation que de la littérature numérique »
telle que Bootz ou d’autres spécialistes de cette littérature la
définissent. Son format se rapproche davantage du livre enrichi que
de la littérature numérique notamment par son caractère multimodal
(sons, images en mouvement).
Caractéristiques
du livre numérique versus livre papier (L. Perret)
Cas
de l'album de jeunesse
L’Herbier des fées
Interactivité - images en mouvement, sons
(bruitage), vidéos ( personnages animés)
Ces éléments iconiques, audios et
vidéos peuvent rendre la lecture complexe.
L’enrichissement apporté par
l’ajout d’images et se sons n’altère pas le sens du texte. En
revanche, les vidéos ont pour effet de « réorienter »
le lecteur dans son interprétation de l’existence des fées.
Interactivité tactile
Images et sons peuvent « réorienter »
l’attention du jeune lecteur qui, happé par cette fascination
médiatique au travers de son écran peut être empêché de regarder
(Tisseron, Stiegler).
Le fil de la lecture peut être mis en pause, voire rompu en raison de l’attrait causé par les effets
des images. Dans le cas d’un livre de jeunesse renvoyant à un
monde fantastique, on peut aisément imaginer un jeune lecteur
« emporté », voire «égaré» par l’univers
fantastique déclenché par la version numérique via les sons, les
vidéos. De plus, divers procédés lui sont offerts comme
l’élargissement d’éléments iconiques ou vidéos.
Prenons le
cas d’une carte intégrée à un livre numérique, la lecture peut
donc être provisoirement être interrompue et être remplacée par
une navigation qui peut conduire à une autre destination que celle
initialement prévue voire à une sortie de l’acte de lecture.
Cette sortie n’est plus ici provoquée par des éléments externes
(pause volontaire dans l’activité de lecture) mais bien par des
éléments internes au support technique avec la multitude de
fonctions que celui-ci renferme comme par exemple la communication
via une application, la notification d’un message ou une fenêtre
publicitaire qui s’ouvre.
Lecteur acteur ou illusion de l’acte
d’agir telle que questionnée par « l’illusion d’une
activité directe sur les objets informatiques » pour parler
justement de cette interactivité tactile, si l’on se réfère à
Fluckiger.
Multimodalité
L'une des particularités d’un album de
jeunesse est le rythme de lecture spécifique alternant
textes et images. Si la multimodalité n’est pas en soi une
caractéristique propre à la version papier, il en résulte tout de
même une multimodalité spécifique à la version numérique qui
lui confère une rupture avec la lecture sur format papier notamment
en raison de l’interactivité tactile susmentionnée.
Non-linéarité
On pourrait par exemple mentionner les
changements provoqués par le format numérique qui incluent la
non-linéarité dans l’expérience de la lecture : il n’y a
désormais plus de début, ni de fin et encore moins de milieu
d’histoire. La narration se fait désormais avec des tronçons qui se sont plus nécessairement abordés de
manière chronologique allant d’un A vers un point B. De même,
elle devient multi-orientée.
Même constat pour V. Martel qui parle
de liberté de parcours de lecture avec le format numérique en
rajoutant qu’il s’agit là d’une « lecture de tous les
modes d’expressions », c’est-à-dire des éléments
scripto, iconiques (statique et mobile) et audio.
Expérience
utilisateur: un rapport au livre modifié
L'intrusion
d’un nouvel objet technique (tablette), ordinateur) a pour conséquence une modification du rapport du lecteur avec le livre.
Si
l’on prend comme support la tablette, l’objet technique, ici
devenu informatique provoque une rupture du rapport qui liait le
lecteur au livre : le rapport objet/livre modifié a pour effet de
changer la détermination directe des genres (par rapport à l’objet
technique qu’est le livre).
Ainsi, comme l’évoque Chartier citée
par L. Perret, « est ainsi rompue la relation qui, dans toutes les
cultures écrites antérieures, liait étroitement des objets, des
genres et des usages ».
Par
ailleurs, le feuilletage est
absent dans la littérature numérique. En effet, les clics
permettent de passer d’une page à une autre, d’un chapitre à un
autre voire directement au contenu en un seul mouvement de clic.
Livre
numérique: bien plus qu’une simple transposition du livre papier
Dans
une interview accordée à Voie Livres en 2018, Virginie Martel, professeure en Sciences de l’éducation à l’Université du Québec à Rimouski , souligne que les maisons d’édition ne doivent pas tomber dans la
facilité de la transposition papier vers le numérique. Elle affirme:
« Chose
certaine, les maisons d’éditions ont avantage à aller au-delà du
livre numérisé (qui reproduit pour une lecture sur écran le format
papier) pour s’engager véritablement dans le livre jeunesse
numérique et toutes les possibilités qu’il permet. »
Ce
propos peut faire penser aux transpositions brutales et sans
transition réfléchie ni porteuse de réelle plus-value que l’on a pu observer il y a plusieurs années en ce qui a trait à certains supports de cours transposés au format PDF dans certains dispositifs technopédagogiques. L'idée est de souligner l’accent qui doit être mis non plus sur un simple transfert du format papier vers le numérique mais davantage sur un transfert porteur de sens et qui prenne en compte les nouvelles dimensions conférées par le numérique. L’on peut évoquer en ce sens les nombreux travaux de D. Peraya relatifs à la médiation et à la médiatisation des supports pédagogiques.
Orchestrer les différentes modalités de lecture sur support
numérique
La
modification du rapport objet/livre tel qu’il a été mentionné
précédemment peut aussi avoir pour résonance un nouveau rapport
objet/tablette dans lequel le
support technique ne renvoie plus uniquement à une histoire comme
cela est le cas pour le livre papier, mais est
désormais le
point de départ d’une
multitude d’activités qui ne relèvent
plus uniquement de la
lecture.
Selon Virginie Martel, «Ce
n’est pas parce que les jeunes d’aujourd’hui sont des «digital
natives» qu’ils sont dotés nécessairement de compétences en
lecture numérique et multimodale. D’où l’importance qu’il y a
à en faire un objet d’enseignement.
Selon
elle, des
stratégies
traditionnelles tout comme des compétences
transversales seront toujours nécessaires comme cela est le
cas pour le format papier (prédire,
réaliser des inférences, dégager l’idée principale, surmonter
des obstacles de compréhension
)
mais
le format numérique implique des compétences particulières comme
la navigation dans une œuvre interactive ou encore le traitement de
tous les modes de communication (textes, images, sons). Ces
compétences doivent être prises en compte dans l’enseignement
et l’apprentissage.
Quelle
distanciation de l’acte de lecture dans un cadre scolaire avec
l’acte ludique ?
Un
même support technique,
en l’occurrence la tablette, renvoie
également à des activités de type ludique extrascolaires
qui non seulement sont
très prisées chez les jeunes mais
également renvoient à des activités privées. En
ce sens, comme tout nouvel objet technique, l’on peut s’interroger
sur l’appropriation de cet artefact
sur les activités effectuées dans un cadre scolaire avec le même
objet technique et les impacts qui en découlent.
Quelle
distanciation ou
adhésion peut-il
y avoir avec le même artefact renvoyant à deux
types d’activités différentes ? L’expérimentation
menée par
L. Perret auprès
d’un groupe d’écoliers scolarisés en grande section a montré
qu’il y a bien une distanciation de l’activité ludique avec
l’objet technique en raison de la distanciation que l’école en
tant que cadre scolaire
pose
vis-à-vis de l’objet.
L’auteure
conclut avec une note positive en affirmant que cette distanciation
minimise, voire annule la captation de l’écran chez l’enfant. Il
n’y a donc pas, selon cette étude, d’effet de rapport hypnotique
dans ce contexte.
Avec l’ère
numérique , on voit également émerger de nouveaux genres tels que
le « cell-phone novels », les romans pour téléphones
intelligents, le transmedia storytelling ou encore le concept
de roman de fans.
Avec ce dernier
genre, le lecteur devient à la fois lecteur, partageur et producteur
ou co-producteur de contenus via des plateformes mises à
disposition.
En ce qui
concerne le digital storytelling , c’est une pratique devenue de
plus en plus fréquente notamment avec la multiplication des
applications disponibles sur les tablettes qui rendent ainsi
possibles la création de récits multimodaux, des histoires
interactives.
Keitai shousetsu ou le roman pour téléphones portables: fragmentaire, instantané et interactif ...
Cette pratique nous vient du Japon et est devenue un genre littéraire populaire dans le pays mais également à l'international comme aux Etats-Unis, en Afrique du Sud ou encore en Europe. Comme son nom laisse penser, la narration se fait à travers les messageries textes sur supports mobiles, plus précisément les téléphones portables. D'inspiration épistolaire, le roman pour téléphone portable comporte un nombre de caractères réduits (200 mots ), permet une interaction entre l'auteur et le lecteur et traite généralement de sujets tabous au Japon.
Le premier du genre, intitulé Deep Love, a vu le jour en 2003 grâce au japonnais Yoshi (pseudonyme). Le "roman" a été le premier du genre de l'ère des cellulaires. La culture mobile au Japon lui prévaut cette popularité notamment auprès des jeunes. Il a connu un tel succès qu'une reproduction classique en a été faite et a été vendue à 2,6 millions d'exemplaires. Une adaptation télévisée a même été produite à partir du roman suivie d'un manga et d'un film. Des détracteurs lui reprochent la pauvreté du langage et la mauvaise qualité d'écriture des textes qui nuiraient à la lecture traditionnelle.
De nouveaux outils de créations d'histoires narratives et applications de réseau social ont ainsi vu le jour comme Tap, Hooked ou encore le réseau social Wattpad, réseau canadien vu comme un "café littéraire pour des adolescents".
Cela étant, ce format a pour mérite de prendre en compte les nouveaux modes de lecture liés au format mobile notamment la vague d'information qui assomme les utilisateurs de téléphones intelligents, la surexposition aux lectures médiatisées via le numérique et le besoin de "consommer vite". en tous lieux et en toutes occasions. Pour ce qui est du "consommer mieux", libre à vous d'en juger...
Exemple de versions adaptées télévisées de romans téléphones en Afrique du Sud.
Les frères Grimm, vous connaissez ? Mais oui, c’est grâce à eux, et non à Walt Disney que l’on connaît aujourd’hui mondialement les plus beaux contes de fées. Mais saviez-vous qu’il est possible de suivre un véritable circuit, dans toute l’Allemagne, pays d’origine des deux frères, au fil des différents contes ? Un bon moyen d’allier l’apprentissage de l’allemand, la visite du pays et un retour en enfance avec la lecture des contes de fées !
La motivation est un élément déterminant pour la réussite de l’enfant qui apprend à lire et les lecteurs sont plus enclins à s’intéresser aux textes qui reflètent leur expériences personnelles. Mais cela ne suffit pas. Pour que l’imitation se transforme en motivation profonde, il faut que l’enfant ait la liberté de construire son propre projet de lecteur. Dans cet article, je vous présente des astuces éprouvées pour stimuler naturellement votre enfant ou jeune à la lecture plaisir.
Il s'agit de l'élément central et pourtant souvent ignoré du domaine du divertissement : le scénario. En effet, sans scénaristes, les réalisateurs et metteurs en scène seraient bien mal pris. Un métier qui se métamorphose, mais qui ne peut être joué par tout le monde. Du moins, pas sans une bonne dose de conseils avant...
Le plus gros succès du 20e siècle en littérature jeunesse a été, sans contredit, Harry Potter. Les aventures du jeune sorcier sont entrées dans la culture populaire, particulièrement avec les adaptations cinématographiques. Aujourd’hui, les lecteurs de la première heure commencent leur vie professionnelle, ce qui inclut l’enseignement. Ils sont nombreux à se servir de l’univers fantastique pour transmettre des savoirs.
Superprof : la plateforme pour trouver les meilleurs professeurs particuliers en France (mais aussi en Belgique et en Suisse)
Chaque jour, restez informé sur l’apprentissage numérique sous toutes ses formes. Des idées et des ressources intéressantes. Profitez-en, c’est gratuit !