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Publié le 16 juin 2021 Mis à jour le 16 juin 2021

Le hard rock et le heavy metal pour retrouver la paix et l'harmonie avec soi-même

Quand la musique métal nous donne des préceptes pour mieux vivre !

Pour faire un peu de place dans ma bibliothèque, je descendais récemment dans la cave de mon immeuble quelques ouvrages de développement personnel.  « Je me disais bien que ça n’allait pas fort » dit une voix derrière moi. Un voisin, cheveux longs et barbe épaisse fixe mes livres. il a fait une analyse des titres en quelques secondes.. Mes lectures de gourous du bien être étaient sans doute liées au confinement, à l’angoisse épaisse qui pesait sur chacun d’entre nous…

Mais rapidement, il m’invite à me séparer  de ces lectures qui ne font qu’accentuer les tourments. La véritable leçon de sagesse s’apprend au contact du métal, entendu comme un genre musical. Je pose ma pile et j’écoute mon voisin égrainer quelques anecdotes édifiantes destinées à m'orienter vers la sérénité et l'harmonie.

1. Ne cherche pas un sens à tout !

Nous vivons dans un environnement  où tout est supposé avoir un sens. On s’interroge sur ce que tel artiste a «voulu dire », on veut donner un sens à sa vie, on ressasse une remarque entendue en cherchant sa signification profonde… « Eh bien, on a tort », s’exclame mon voisin.

Pendant des années, les membres de Led Zeppelin ont été interrogés sur le sens de « Stairway to Heaven ». Il s'agit d'une ballade lyrique de quelque huit minutes, souvent beaucoup plus sur scène, qui monte en puissance progressivement. C’est « Stairway to Heaven » qui propulse Led Zeppelin au firmament des groupes rock, nous dit Jean-Michel Oullion qui a consacré un livre au groupe.

Et pourtant... Composée par des auteurs qui étaient loin d’être à jeun, la chanson est devenue obscure pour ses compositeurs eux-mêmes.  Des hypothèses se succèdent, des pistes sont semées par les musiciens, des rapprochements avec la littérature fantastiques sont tentés… mais rien ne convainc. Ce mystère nourrit sans doute le succès. L’essentiel n’est-il pas de se laisser porter plutôt que de creuser de nouvelles interprétations ?


Dans son livre Pensouillard le Hamster, Serge Marquis nous compare à des hamsters. Nous réfléchissons sans cesse au sens de ce qui nous arrive, de ce qu’on nous dit. Chacun juge ou se sent jugé, se compare et interprète. Il faut ralentir ce hamster qui court dans notre tête.

Écouter une chanson dont les paroles resteront à jamais mystérieuses, se dire que c’est sans doute mieux ainsi, laisser émerger des associations d'image qui nous sont personnelles, c’est un premier pas pour « arrêter de nourrir le hamster » !

2. La persévérance, l’attention aux détails

Beaucoup d'auteurs nous incitent à retrouver notre capacité d'attention. et nous mettent en garde contre la "civilisation du poisson rouge". Mon voisin sourit : "Van Halen avait trouvé la parade bien avant que ça ne soit à la mode !". 

Ce n’est pas parce qu’on joue fort et qu’on a des vêtements plus scintillants qu’une boule à facettes qu’on n’a pas le souci du détail et de la précision. Yves-Alexandre Thalmann, professeur de psychologie à Fribourg attire notre attention sur une technique de sélection inventée par David Lee Roth, du groupe Van Halen. Dans cet univers, les contrats de production sont particulièrement longs et rigoureux. Exalté par la perspective de travailler avec un groupe international ou simplement rebuté par la lecture de clauses juridiques, plus d’un partenaire se contente du survoler les pages.

David Lee Roth avait pour habitude de glisser une clause un peu étrange : le producteur s’engageait à mettre à disposition du groupe un bocal de bonbons colorés, en ne sélectionnant que les marrons. Caprice de star ? Invention d’un groupe désireux de travailler son image ? Pas certains. Qu’ils soient marrons, rouges, bleus ou verts, ces bonbons ont le même goût. Mais glisser cette demande insolite au milieu d’un contrat de 50 pages permet immédiatement de savoir si il a été lu avec attention…

Pour ne pas tomber dans le pathétique, l’exubérance se nourrit de rigueur !


3. Ne pas se soucier des apparences, être authentique, s’aligner sur ses valeurs.

"Le métal pourra aussi vous aider à être plus authentique"poursuit mon voisin mystérieux. Dans une vidéo consacrée au chanteur récemment disparu Lemmy Kilmister, un musicien témoigne de sa gêne face au presque septuagénaire leader du groupe Motörhead, serré dans un short très court. On est jamais à son aise quand on voit un peu trop de l’anatomie de ses héros d’enfance. Mais le musicien se reprend vite. Il y voit l’illustration d’un principe de vie du chanteur. Ne pas se soucier de son image dès lors qu’on se sent bien. 

Mais pour Lemmy Kilmister, la cohérence entre un mode de vie et une expression artistique relève d’une exigence morale. Le film le montre méprisant vis-à-vis d’un groupe, qui pour se donner des airs de mauvais garçon boit son eau dans des bouteilles de bière pendant les concerts. Il y a une morale de l’excès, du dépassement des limites. Ceux qui joueraient un rock brutal et rapide et siroteraient ensuite un jus d’abricot avant d’aller se coucher iraient à l’encontre de cette morale.

Trop n’est pas assez, en musique comme dans la vie, à condition de se réveiller le lendemain et de repartir en tournée sans que les excès de la veille ne nuisent à la qualité de la production. La règle n°2 prévaut !



Philosophes et gourous du développement personnel ne diraient pas autre chose. Il faut être aligné dans sa vie, ses paroles, ses écrits et ses créations. En développement personnel, la congruence désigne cet accord entre les différents canaux de communication. Ce que mon comportement, mes mots, ma tenue et mon expression artistique expriment doit converger.

Amy Lee, la chanteuse du groupe Evanescence collectionne les citations où elle affirme sa personnalité hybride. Elle le traduit dans des choix vestimentaires hybrides, où le rock et les contes de fées se croisent. S’accepter comme on est, quitte à provoquer,  et finalement admettre que ça fasse sourire.

« Pas de problème si les gens se moquent de moi ! J’ai une apparence qui fait peur ! »

Amy Lee — Evanescence



4. Oser les limites

Mais voilà mon ami d’escalier qui part sur d’autres histoires. « Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Cynthia Fleury, l’auteure de Ci-gît l’amer. » Pour inventer, pour produire du nouveau, il faut oser se frotter aux limites, s’approcher de l’inaudible, du ridicule, de l’excès. Sur France Culture, la philosophe explique son intérêt pour Thunderstruck du groupe AC/DC de cette manière :

"... une voix totalement ridicule… Qu’est-ce que c’est que cette voix ! […] Et en même temps absolument géniale ! Alors ça, c’est de la création de concept : rien n’est la pour faire un truc beau, mais je trouve ça magnifique et porteur, et on retrouve la question du souffle […] »



6. « L’air de rien, j’écris un peu le même livre depuis un certain nombre d’années ». C. Fleury

Certains artistes, comme David Bowie ou Picasso déroutent leur public régulièrement, en bifurquant vers de nouvelles orientations artistiques alors qu’ils connaissent le succès. D’autres creusent un filon, en peaufinant sans relâche le même choix. Comme dans la préparation du thé ou les arts martiaux, il s’agit de répéter les mêmes gestes et de les affiner en les vivant intensément. Motörhead, AC/DC ou Status Quo font partie de ces artistes qui remettent cent fois sur le métier le même ouvrage.

7. Aller vers sa peur

Le gourou… propose de lister ce qui nous fait peur, et de se confronter méthodiquement à cette liste. La musique métal s’appuie sur la même démarche. Andrew O’Neill, auteur d’une histoire du heavy Metal fait remonter la naissance du mouvement au premier album de Black Sabbath, le 13 février 1970.

Pour la première fois, des thématiques issues des films et de la littérature d’horreur entrent dans le monde de la musique. De nombreux groupes ont suivi, avec des textes et des accessoires inspirés de ces courants littéraires et cinématographiques. On côtoie souvent le champ sémantique de la série Z, avec le diable, les zombies, et quelques squelettes. C’est une horreur rassurante qui met à distance les peurs par la théâtralisation et parfois le ridicule.


Interrogé sur la violence de l’iconographie métal dans un reportage, un participant du Hellfest résume : les métalleux sont des hippies habillés en noir.

Et de nombreuses personnes interrogées au cours de l’émission confirment. « Ce sont des nounours » dit une festivalière. Le festival qui compte parmi les plus grands d’Europe pour ce type de musique est  cité comme exemple pour l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite et pour l’accueil ouvert, tant aux enfants qu’aux personnes âgées. Personnes âgées qui sont parfois sur scène, guitare en bandoulière ou baguettes de batterie en main, tant ce mouvement a traversé les générations !

Je conclus de cette échange que se déplacer avec des livres comporte un risque. Le risque de conversations qu'on n'est plus certain de maîtriser. Le genre musical autour du métal compte maintenant plusieurs générations de musiciens. Des milliers d'interviews, de textes de chanson et d'écrits en tous genre expliquent qu'il n'est pas difficile d'y trouver ce que l'on cherche, des aphorismes, des règles de vie, des affirmations et leur contradiction.

Mais la démonstration est claire. Les principes d'action sont partout, dans la littérature, la musique et les arts, et c'est à nous qu'il revient de choisir ceux qui nous conviennent !

Illustrations : Frédéric Duriez

Ressources

Les chemins de la philosophie - série Profession philosophe — Géraldine Mosna-Savoye — Cynthia Fleury — 18 octobre 2019
https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/profession-philosophe-4574-cynthia-fleury-philosophe-clinicienne

France Culture  - Continent Musiques - Matthieu Conquet - Le métal hurlant d'Andrew O'Neill
https://www.franceculture.fr/emissions/continent-musiques/le-metal-hurlant-dandrew-oneill-et-redemption

Lucas Chedeville - Streetpress -Corentin Charbonnier - Un sociologue au Hellfest
https://www.streetpress.com/sujet/1453810942-corentin-charbonnier-sociologue-hellfest

Laurent Karila, psychiatre et addictologue - Chroniques dans Hardforce
https://hardforce.com/blogger/laurent-karila


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