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Publié le 16 mars 2010 Mis à jour le 16 mars 2010

Un peu de collectif dans ce monde d'Egos !

En 2009, 33 millions d’internautes ont choisit la plateforme Ning pour « créer et administrer leurs propres réseaux sociaux ou rejoindre ceux créés par d'autres », explique Elodie Ressouches sur le site de l'Organisation internationale de la Francophonie. 1,5 millions de réseaux ont été ainsi créés en quelques étapes décrites par Thomas Laigle, ingénieur pédagogique multimédia. D’autres internautes ont choisi des services équivalents, tels ElggBuddypressOrkut ou même Moodle plateforme de eLearning qui remplit fort bien son rôle de support communautaire.

Dans la vie réelle encore plus que sur Internet, les exemples de regroupements en communautés sont nombreux. Les fameuses associations loi 1901en France, les regroupements communautaires dans le monde anglo-saxon, témoignent de la volonté de défendre des causes communes, d'allier les efforts de tous, de se soutenir dans les moments difficiles ou encore de démontrer une capacité collective d'action. 

Des communautés en ligne en écho à la vie réelle, mais qui cherchent leur voie propre

On retrouve cette propension au collectif dès le début de l’Internet grand public. Les utilisateurs se sont fédérés virtuellement dans des « réseaux locaux communautaires qui desservent un village ou une municipalité spécifique, des babillards électroniques [où] les usagers déposent et regardent les messages selon leur disponibilité », sans oublier les salons de chat ou de « clavardage », les forums de discussion et les listes de diffusion, rappelle Serge Proulx, sociologue québécois, spécialiste des médias. On peut également citer les MUDs (multi-user domain ou multi-user dungeon), « jeux de rôle se déroulant dans un environnement peuplé d’avatars », qui constituent des groupes « structurées par un ensemble de règles et protocoles ».

Les communautés virtuelles peuvent alors ressembler à des « structures pyramidales de pouvoir où les différents statuts sont acquis en fonction de l’ancienneté et des compétences spécifiques à maîtriser certains aspects du dispositif technique. (…) Certaines seraient plutôt égalitaires alors que d’autres susciteraient des exclusions » analyse Serge Proulx. Dans tous les cas, un réseau virtuel « reproduit certaines caractéristiques de la structure de la société du face à face, par exemple : règles, normes, codes de conduite implicites et explicites, sanctions, etc ». Mais, sur Internet comme dans la vie, certains sont à la recherche de modes de fonctionnement plus égalitaires, plus horizontaux. 

Communautés professionnelles : des mathématiciens aux profs de maths

Dans le monde de la recherche, les mathématiciens constituent l’exemple d’une communauté qui a résisté au temps. Jean-Pierre Bourguignon propose une histoire de cette communauté internationale, dont l’expansion « a été accompagnée d’une structuration par le biais de sociétés savantes, qui vivent presque toutes grâce au dévouement et à l’engagement de collègues bénévoles ».

A un autre niveau (nous quittons maintenant le monde de la recherche pour entrer dans celui de l'enseignement), cette réussite est illustrée par l’association Sésamath « née en 2001 de la fusion de plusieurs sites dédiés à l’enseignement des mathématiques » et vrai « modèle de mutualisation et de diffusion gratuite de ressources mathématiques » comme la décrit le professeur de mathématique Emmanuel Vieillard-Baron.

Si Sésamath est très connue du grand public pour ses manuels et banques d'exercices en ligne réalisés par des collectifs enseignants, elle anime également Sesaprof, site décrit dans cet article comme « un espace de ressources spécifiques aux enseignants » et « un observatoire des pratiques des professeurs de la discipline : nature et qualité des informations, des échanges, émergence et travail des communautés de pratiques en son sein ». Contenus pratiques dédiés aux membres et réflexion sur elle-même : l’exemple type d’une communauté qui a réussi ! Mais le grand mérite de Sésamath est de ne pas s'être arrêtée à la fédération de ses membres, et de s'être rapidement ouverte à l'extérieur, afin de faire rayonner sa discipline et de proposer des produits nés de la mutualisation des énergies de ses membres. La communauté acquiert ici un rôle social qui va bien au-delà du rôle de structuration identitaire habituel.

De forts besoins d'identité collective dans tous les domaines

Actuellement, les interfaces communautaires ont atteint des degrés d’interactivité inégalés et permettent de discuter de pratiques professionnelles (portail des DNL francophones, [email protected], la communauté de pratiques des tuteurs à distance), de se souder autour d’un intérêt commun, d’un groupe (famille, anciens élèves comme le réseau BELC) ou d’une association ou d’une institution déjà existante (réseau des Clionautes, Rezo Lumières, ou Planète-Attitude pour le WWF France). Un réseau peut également se créer dans le cadre d’un projet de formation (M1 Culture et Métiers du Web 2009-2010) ou autour d’une motivation profonde comme pour les 3,5 millions de membres d’Avaaz, site qui souhaite connecter « les peuples par-delà les frontières pour que chacun d'entre nous puissent influer sur les décisions politiques internationales ». Même les animaux (enfin, leurs maîtres!) s’y mettent avec Zanibook évoqué précédemment sur notre site.

L'intelligence collective, au-delà des frontières des communautés

Quelle sera la durée de toutes ces communautés ? Internet en voit naître et mourir beaucoup... Et cet espace est actuellement plus favorable à l'expression individuelle qu'à l'expression collective. Alors en 2008, le site Parole citoyenne a lancé une réflexion sur la notion d’identité collective, au sein d’un groupe de discussion avec Daniel Kaplan, délégué général de la Fondation pour l'Internet nouvelle génération (FING). Il en résulte de courtes vidéos, sans réponse toute faite, mais riches en pistes de réflexions. Dans la première, le groupe constate une « explosion de la manifestation du "je" » dans le web 2.0. et se questionne sur la place qu’on peut « concevoir aux préoccupations collectives sur internet. Comment cultiver une culture du "nous" à travers cette atomisation de l'internaute ? Comment conjuguer les nouvelles technologies avec un certain sens de collectivité ? ».

Dans la seconde, Daniel Kaplan propose « deux idées de projetsur lesquelles [il] collabore dans le cadre du programme Villes 2.0. » : un écran public où plusieurs personnes peuvent interagir en même temps et des montres-capteurs portés par un grand nombre de personnes, qui enregistrent et permettent de cartographier la qualité de l’air dans une ville. Si ces exemples semblent s’éloigner de la notion de communauté virtuelle telle qu’on l’entend (des personnes derrière l’écran de leur ordinateur), il s’agit pourtant ici aussi d’actes individuels qui contribuent à créer du contenu collectif grâce à la technologie.

S’agit-il de nouveaux modes de communication dont les communautés virtuelles sont « une des étapes, un palier » comme les décrit Eric Lamidieu ? Ces pratiques soulignent « le rêve d’une société globale avec une intelligence collective renforçant nos capacités individuelles. En dehors de leurs fonctionnalités pratiques, c’est sans nul doute leur valeur ajoutée communicative, le renforcement de la solidarité et le besoin d’intégration sociale qui participent à [la] réussite [de ces communautés] et préfigurent ce que sera notre cyber société ». Vaste programme !

Crédits photos : D’Arcy Norman, Flickr, licence CC.


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