Publié le 21 janvier 2013Mis à jour le 21 janvier 2013
Oubliez écran et clavier, le mur fera l'affaire
À coté des applications de réalité augmentée qui se cherchent encore une vraie utilité, il en existe d'autres qui vont enfin réconcilier monde virtuel et monde réel
En septembre 2012, on pouvait lire sur le site French Web, un article intitulé "Pourquoi la réalité augmentée ne décolle pas ?" . L'article proposait plusieurs réponses à cette question. Parmi celles-ci, nous retiendrons surtout celle de l'inadaptation de l'interface d'utilisation des applications : interposer systématiquement un écran entre le monde et soi est singulièrement contradictoire avec l'idée-même de réalité augmentée, et matérialise clairement le filtre numérique que les concepteurs d'applications voudraient nous voir oublier.
Des lunettes avec réalité augmentée... Pourquoi faire ?
Il faudrait donc trouver autre chose, faire disparaître l'écran. C'est ce à quoi travaille Google depuis des années, avec ses lunettes Glass. Grâce à cette paire de lunettes (que Sergey Brin n'hésite pas à porter dans le métro) connectées à son smartphone, l'utilisateur pourra passer des appels, lire ses courriels et sans doute utiliser certaines des applications disponibles sur son téléphone. Le projet de Google a stimulé la concurrence et Microsoft s'est lui aussi lancé dans la danse, tout comme Vuzix qui semble avoir l'objectif de sortir ses propres lunettes avant Google, pour le tiers du prix prévu par le géant californien.
Mais a t-on vraiment besoin de lunettes spéciales pur lire ses courriels ou téléphoner ? L'argument est un peu court. Et c'est le deuxième défaut des applications de réalité augmentée relevé sur French Web : elles ne servent à rien. Les techniciens vont désormais beaucoup plus vite que les usagers potentiels, ils créent des objets avant qu'on ait pu identifier un usage intéressant. Comme on peut le lire dans un article du Monde informatique publié le 15 janvier 2013, "les lunettes de réalité augmentée en général, et tout particulièrement celles de Google, sont une solution pour un problème qui n'existe pas". C'est sans doute pour cette raison que les dirigeants de Google ont invité des développeurs à une présentation de l'objet à la fin du mois de janvier 2013, afin qu'ils puissent commencer à imaginer des applications.
Mais il existe un autre projet de lunettes à réalité augmentée beaucoup plus fascinant, à l'utilité incontestable. C'est le projet thirdEye (troisième oeil), en cours de développement, imaginé par le génial Pranav Mistry, doctorant au MIT et déjà inventeur du célébrissime SixththSense (sixième sens).
Lunettes et informatique dématérialisée pour recevoir les informations voulues au bon moment
ThirdEye se concrétise donc par des lunettes, qui permettent à l'utiisateur de recevoir des informations personnalisées. Par exemple, vous et moi regardons ensemble un film à la télévision. Vous êtes anglophone, je suis francophone, le film est russe. Eh bien, grâce à vos lunettes, vous pourrez lire les sous-tires en anglais, et moi je les lirai en français ! Maintenant, imaginez que nous visitions ensemble Tokyo. Là encore, les panneaux publicitaires seront pour vous traduits en anglais, et pour moi en français ! Fatigués, nous rentrons à l'hôtel et engageons une partie de notre jeu vidéo préféré. Chacun de nous reçoit dans ses lunettes les informations tactiques adaptées à sa position !
C'est tout de même plus excitant que de lire ses courriels dans ses lunettes, n'est-ce pas ?
Pranav Mistry, l'inventeur de thirdEye, n'en est pas à son coup d'essai. Avec SixthSense, il a tout simplement inventé l'informatique dématérialisée. Adieu clavier, écran et souris, tout ceci est remplacé par ... eh bien, par ce que vous avez sous la main : un mur ou une feuille de papier pour visualiser les informations, vos doigts pour indiquer des éléments sur l'écran, zoomer, rétrécir, et même taper un numéro de téléphone sur la paume de votre main si vraiment vous n'avez rien d'autre à votre disposition. Démonstration :
Voilà donc la véritable réalité augmentée, celle qui ajoute des informations au monde physique sans y faire écran par une interface étrangère. Pranav Mistry dit vouloir éviter que nous soyons "des machines devant des machines", et nous rendre notre liberté d'humains convoquant le monde numérique quand et où nous en avons besoin.
Et comme il sied à toute invention révolutionnaire, celles de Pranav Mistry seront à la portée de tous : il ne coûte pas plus de 350 dollars pour se fabriquer un kit portatif 6thSense, et le logiciel est en open source.
N'hésitez pas à regarder la conférence TED de 2009 dans laquelle Pranav Mistry décrit et donne de très nombreux exemples des applications de 6th Sense. La page du site consacré à cette application comprend beaucoup d'informations complémentaires.
Voilà certainement ce que la réalité augmentée peut nous apporter de plus utile : nous débarasser des écrans pour accéder aux informations numériques, et interagir averc ces dernières de manière plus naturelle qu'en passant par des clics et des touches. Dans quelques années, ce sera chose faite.
Certains prédisaient que l'avènement des jeux vidéo allait supplanter les jeux de société. Ces prophètes de malheur ont eu tort : le jeu de société se porte à merveille ! Néanmoins, à l'ère du numérique et de la réalité augmentée, certains se demandent s'ils ne devrait pas prendre le virage numérique. Un débat dans lequel chaque camp a de bons arguments.
La réalité augmentée devrait être très présente dans les institutions muséales d'ici deux ou trois ans. Les applications basées sur la reconnaissance de marqueurs tend à disparaître au profit de celles qui fonctionnent à l'aide de la reconnaissance d'images, les marqueurs -souvent peu esthétiques- disparaissant de l'environnement. Le monde de l'éducation - et forcément celui de l'éducation muséale- adopte la réalité augmentée qui utilise la géospatialisation parce qu'elle crée une expérience d'apprentissage immersive plus authentique.
Si on ne peut ignorer les avancées déterminantes permises par les technologies numériques, par exemple dans le champ du handicap et, plus largement, dans le domaine médical, on est en droit de s'étonner à l'instar de l'auteur d'une certaine passivité d'un très large public vis-à-vis des outils numériques que nous utilisons au quotidien.
Un dossier publié sur le site Inriality nous permet de comprendre ce qu'est la réalité augmentée, ce qu'elle peut nous apporter et quels sont les risques liés à une utilisation incontrôlée de cette technologie.
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