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Publié le 15 décembre 2013 Mis à jour le 15 décembre 2013

Poupée et camion pour filles et garçons, si on arrêtait ?

Un document qui veut susciter une réflexion dans les services de garde sur les stéréotypes sexuels et comment éviter de les propager

Nous aimons croire que nous vivons dans des sociétés où le sexisme n'est plus de mise, où les filles et les garçons sont sur le même pied d'égalité. S'il est vrai qu'en un siècle, la position de la femme s'est grandement améliorée en Occident, il reste tout de même que les stéréotypes ont la vie dure.

Le deuxième Observatoire, un institut de recherche suisse sur les rapports de genre, s'est intéressé à la question de la différenciation des genres dans les crèches et jardins d'enfants. Il a publié un guide en avril 2012 afin que les professionnels de la petite enfance adoptent des attitudes mettant en l'avant l'égalité des sexes. D'ailleurs, le document lui-même est très égalitaire, évitant le masculin universel pour adopter la forme féminine/masculine.

Pourquoi est-ce si essentiel de transmettre aussi tôt dans la vie des tout-petits des attitudes qui favorisent l'égalité des sexes? Selon les spécialistes, c'est entre 0 et 6 ans qu'il est le plus important de leur enseigner cette réalité. Certes, cela peut s'apprendre plus tard, mais il devient plus difficile de briser des stéréotypes sexistes ancrés depuis la tendre enfance.

Le guide est organisé en 4 chapitres qui présentent des comportements courants mais discutables, et proposent des alternatives. 

Des comportements sexistes involontaires

À partir de séances d'observation dans des crèches et jardins d'enfants suisses, les auteures ont noté des actions répétées par les éducateurs, inconscients du sexisme sous-jacent. Elles ont remarqué que l'attention des professionnels se portait plus souvent vers les garçons. D'ailleurs, ces derniers sont plus complimentés pour leurs efforts tandis que les fillettes ont surtout droit à des louanges sur leur apparence. Les enfants sont régulièrement appelés en fonction de leur sexe (les loulous, mesdemoiselles). Les professionnels ont aussi tendance à parler d'émotions avec les petites filles; alors que ce sujet est totalement omis avec les garçons qui sont invités à ne pas pleurer, mais dont on tolère davantage la colère.

Dans le deuxième chapitre, les auteures s'intéressent aux interactions entre les enfants. En groupe, ils hésiteront à jouer avec des jouets traditionnellement liés au sexe opposé. Les filles vont souvent se plonger dans des jeux de rôle les plaçant dans des scènes de la vie ménagère, alors que les garçons optent pour des jeux compétitifs ou de création. De plus, ces petits gars ont la mauvaise habitude d'essayer de peeturber l'univers créé par les filles. Il faut donc que les éducateurs encouragent le respect entre les enfants et les invitent à partager les jouets et activités sexués.

Le troisième chapitre aborde la relation des éducateurs aux parents. Car là aussi, il y a différenciation entre les genres. Ils demanderont sans gêne à papa d'aller chercher quelque chose qui manque pour l'enfant, mais s'il y a un souci, c'est maman qu'ils appellent en premier. Selon le document, l'objectif des spécialistes de la petite enfance est d'éviter, entre autres, de mettre les pères à l'écart des discussions qui concernent leur progéniture.

Dans le quatrième chapitre, les auteures s'intéressent aux livres soumis aux petits. Il est étonnant de voir comment, dans la littérature jeunesse, il y a une différence dans le traitement des sexes. Par exemple, dans les histoires pour enfants, il est fréquent que le personnel infirmier soit représenté par des femmes et les docteurs par des hommes. De plus, il est plutôt rare d'y trouver des héroïnes, alors que les rôles principaux pour les garçons sont légion.

Enfin, le document se termine sur des tableaux pour noter les comportements adéquats ou à corriger par rapport à la différenciation des genres. Le tout est accompagné de nombreuses références à consulter pour en savoir plus sur ce sujet.

Le but de ce guide n'est pas de nier les différences biologiques et même comportementales entre les garçons et les filles. Mais ce serait une erreur de dire qu'ils sont si fondamentalement différents. C'est l'éducation et les stéréotypes bien ancrés dans les sociétés qui créent chez les tout-petits une différence aussi grande entre les deux genres. Une donnée à laquelle doivent réfléchir autant les éducateurs que les parents.

Référence :

Ducret, Véronique, and Véronique Le Roy. "La poupée de Timothée et le camion de Lison." Le 2ème Observatoire. Dernière mise à jour : Avril 2012. http://www.2e-observatoire.com/downloads/livres/brochure14.pdf.


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