Que l'on enseigne de la «matière» au tableau ou dans les livres m'a toujours paru incongru. Mais à voir notre attitude abattue quand nous en avons trop à assimiler, on peut considérer une certaine pertinence au choix de ce terme : la «matière» académique semble bien posséder un poids.
Alors, si la matière change, que de nouveaux matériaux sont conçus et utilisés, se pourrait t'il que notre manière même de les aborder et de les enseigner soit modifiée?
Tailler de la pierre, scier du bois, pétrir de la pâte sont des activités très différentes de couler du béton précontraint, d'assembler des poutres de bois de 30 mètres de long en lamellé-collé ou de doser les ingrédients d'un mélange d'alicament nutraceutique. Ce n'est pas que les anciennes activités étaient moins techniques mais plutôt, qu'à la base, les matériaux utilisés étaient bruts et naturels alors que maintenant ils sont plus fondamentaux et radicaux dans leurs propriétés. Plus de connaissances sont nécessaires pour les créer et les utiliser correctement.
Est-ce la forme de notre enseignement qui nous mène à des découvertes ou les nouvelles réalisations qui nous mènent à modifier notre enseignement ? Probablement un peu des deux; on ne peut pas enseigner la bio-ingénierie par coeur, mais on doit quand même bien maîtriser ses fondamentaux.
Supposez maintenant qu'en plus de la nature des composants que ce soit leur organisation spatiale qui détermine l'essentiel des propriétés des matériaux, comme les semi-conducteurs, les composites, les nanosou bio-matériaux, et vous aurez alors une bonne idée du niveau et de la qualité de l'enseignement nécessaires pour en transmettre la connaissance.
Bonne exploration de ce monde en voie de concrétisation !
Denys Lamontagne - [email protected]
Directeur de Thot Cursus
Illustration : Boris15 - ShutterStock
