Au delà de la métaphore de «l'arbre de la connaissance», la puissante image d'un arbre, son calme et son emprise dans un sol organique plaide pour un sens des groupes de codéveloppement.
Se dépouiller de sa
méfiance et s’ouvrir au groupe
« Être dans le vent,
c’est une ambition de feuille morte ». Celui qui vient se frotter au codéveloppement n’y vient pas pour briller
de la force de ses conseils, s’il est l’un des participants, ou pour s’apitoyer
sur son sort s’il est le client du processus, ni pour être à la mode d’une méthode
managériale de plus, mais simplement pour apprendre ensemble avec ses pairs. La
posture requise est simplement d’être attentionné, intentionné, et présent à
soi et aux autres.
Le champ relationnel
dans un groupe de codéveloppement
Les arbres que l’on
croit solitaires seuls de leurs univers sont liés de façon invisible par leursracines mais aussi par les champignons et leurs réseaux micellaires qui laissent
transiter une variété d'échanges. De la vie du plantule à peine germé jusqu’
à celle du robuste centenaire, l’arbre croit dans un écosystème auquel il contribue.
Les liaisons les plus subtiles sont cachées, souterraines, secrètes, mais un
flux de sève circule, dans une ensemble, bosquet ou forêt.
Il en est de même
des groupes de codéveloppement unis par une architecture relationnelle et des
liens invisibles. Une circulation émotionnelle, véritable énergie du codéveloppement
passe. Elle est à peine visible dans un sourire, un geste une communication non
verbale, mais elle aide celui qui porte une question problème à l’exprimer.
La dimension
émotionnelle
Saviez-vous qu’en amplifiant
le son de la sève qui circule sous l’écorce d’un arbre, on entendait une
musique d’une incroyable beauté. Les plantes vibrent et le chant de leur
vibration peut être capté. Voilà ce qu’en dit ce botaniste
"En fait, nous ne
faisons qu’utiliser la structure vibratoire de la plante. Comme pour tout
organisme vivant, la croissance engendre un courant électrique. Nous captons la
différence de potentiel existant entre les racines et les feuilles, une boîte
électrique les transforme en sons, ce qui crée une musique que tout le monde
peut entendre." - Découvrez la musique des plantes. - Le chant des végétaux.
La facilitation d’un groupe
de codéveloppement c’est aussi capter la vibration des émotions humaines qui se
partagent. Une part de musique invisible se joue dans la capacité du
facilitateur à accompagner la vibration du collectif tendu vers un même
objectif, aider l’un des membres à avancer sur ses propres questions.
Le déplacement des
croyances
Quand on est expert de
son sujet, il est difficile de se décaler de faire bouger ses propres croyances.
Parfois on se prend à croire que l’on est enraciné et que l’on ne peut bouger.
Saviez-vous que cet arbre que vous pensez immobile s’est déjà déplacé ? Les
arbres se déplacent. Au gré des terrains, ils bougent leurs racines de quelques
centimètres par an, ce qui fait des sauts en quelques décennies, d’autres comme
les palmiers de la forêt amazonienne d’Équateur, peuvent se déplacer d’une
vingtaine de mètres par an. Si le sol s’érode, si le soleil manque, etc., de
nouvelles racines poussent du palmier et se fichent dans la terre quelques
centimètres à peine plus loin. Le tronc s’incline puis les anciennes racines se
relèvent et restent dressées, et hop un pas de fait ! - Les arbres peuvent-ils se déplacer ? -
Le groupe aide à
chaque dirigeant à décaler son regard à se disposer autrement à voir d’autres
perspectives. Cela se fait parfois lentement, parfois de façon aussi rapide que
les palmiers amazoniens.
Les transformations
personnelles et organisationnelles
Chacun sait le nombre
des années d’existence d’un arbre en comptant les cernes de son tronc coupé.
Mais faut-il attendre d’être tronçonné pour savoir ce que nous avons au cœur ?
Accéder au cœur de ce qui porte notre expérience passe par un accès à la
lumière. Nulle croissance n’est possible pour un arbre sans un minimum de
lumière. L’arbre se lance dans sa croissance quand il dispose des nutriments
nécessaires, du terreau favorable et surtout de la lumière. - Comment déterminer l'âge d'un arbre -
Pour un groupe qui
cherche, la lumière est avant tout faite de questions. Tout le jeu est de
passer de questions embarrassantes à des questions puissantes qui viennent
toucher au plus profond. Quand ces questions font écho avec ce que nous sommes
vraiment, alors ce n’est pas seulement un problème que peut résoudre le
codéveloppement professionnel, c’est aussi une opportunité de croissance et de
transformation, pour soi et pour son organisation. Tout arbre est limité dans
sa croissance en hauteur ou en largueur, il en est de même d’un être humain qui
pour évoluer doit se réagencer de l’intérieur.
Le cadre protecteur du
groupe
Les participants à un
groupe de codéveloppement professionnel peuvent ressentir la force des 3P :
-
la protection,
- la permission et
- la puissance.
La protection bienveillante du
collectif qui accueille sans juger la question posée et son porteur. La permission
qui se dessine progressivement pour s’autoriser à agir différemment avec de
nouvelles pistes, de nouveaux repères et enfin la puissance de choisir la
direction à prendre librement par soi-même sans la pesanteur d’un jugement ou d’un
conseil mal posé.
Entrer dans la puissance d’un groupe évoque cette pratique du
« bain de forêt » ou shirin yoku si prisé des japonais pour lutter
contre le stress. Le contact d’un corps humain frôlé par une branche, l’intention
de vivre une expérience en transforme la qualité et le bénéfice. Entrer dans le
groupe avec l’intention sincère d’en tirer un profit produit d’emblée un bien
être, celui d’être écouté, caressé par des questions, réceptif aux idées qui
naissent et deviennent naturelles comme le vent dans les branches.
La puissance des mots
Les historiens sont
capables d’identifier les migrations de populations dans l’Europe médiévale et
antique en étudiant les lexiques des peuples migrateurs et en observant l’adoption
ou le prêt de mots. Les mots les plus parlant sont ceux qui désignent les
arbres et les végétaux présents dans des zones de peuplement d’origine.
Aussi
surement que le carbone 14 permet une datation, les changements de lexique
montrent comment les idées passent d’un peuple à l’autre. Il en va de même du
nom des arbres que des idées qui
glissent dans le groupe de proche en proche. Ce qui est apporté comme une
question problématique par le porteur de cas, peut devenir la solution à un
problème non exprimé par un autre.
C’est le mécanisme des processus parallèles,
en travaillant sur la question d’un autre participant chacun travaille en fait
sur une question personnelle, pas forcément de façon consciente. La fin d’un
codéveloppement est un partage d’Eureka, et d’apprentissage d’un mot, d’une
idée d’une solution qui jaillit comme un oiseau qui fait plus confiance à la
force de ses ailes qu’à la robustesse d’une branche.
Mots-clés:
Connaissances
Confiance
codéveloppement professionnel
Arbre
groupe
écosystème
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