Une pince robuste, légère, puissante, mais sans boulon ni rivet… un rêve. Un commutateur d’une seule pièce ? Voyons donc ! Un panneau de 25m2 qui tient dans 1m3 ? En poudre peut-être ? Pourtant toutes ces promesses techniques ont été réalisées.
À la frontière entre les mathématiques, l’ingénierie et l'origami, la mécanique flexible ouvre une nouvelle ère du génie mécanique.
De la mécanique robuste
La résistance est l’une des caractéristiques les plus recherchées en mécanique. On apprécie qu’une machine dure longtemps et qu’elle fasse le travail sans faillir. À la source de la majorité des défaillances mécaniques se trouvent les joints entre les parties mobiles. Ces mêmes joints sont généralement aussi les parties les plus complexes. Comment en réduire le nombre ? La question est simple et pour y répondre, il s’agissait de remettre en question un principe de base en mécanique : la rigidité.
Considérée comme une qualité essentielle, la rigidité permet d’éviter les oscillations indésirables, la fatigue des matériaux et les vibrations parasites qui entrainent divers problèmes d’usure prématurée, de bruit et de bris. Plus c’est rigide, mieux c’est…
Avec l’évolution de notre connaissance des matériaux et des structures, le génie permet maintenant de designer des matériaux avec des degrés de souplesse variés et de durée quasi infinie, tant que l’utilisation demeure dans les paramètres déterminés de température, de pression ou de tension. Alors, pourquoi ne pas utiliser des matériaux souples au lieu de joints ? C’est ce que Larry Howell, ingénieur mécanique à la Brigham Young University, a fait.
Il a démonté une par une les croyances bien ancrées, par exemple en démontrant que la rigidité et la force ne sont vraiment pas la même chose, que quelque chose peut être flexible ET fort, et que la force dépend à la fois du matériel, de la structure et de comment sont appliquées les contraintes.
Se rapprocher de l’idéal !
En jouant avec les épaisseurs, les orientations, les formes et les matériaux, les concepteurs en arrivent à un niveau de simplicité s’approchant de l’art, de l’architecture ou même de la biologie. Bien sur plusieurs expertises sont nécessaires, dont une connaissance poussée des matériaux, de leurs propriétés et de leur mise en forme, mais le résultat ouvre des perspectives dans presque tous les domaines, de l’agriculture à l’espace en passant par la médecine.
La mécanique flexible (compliant mechanics en anglais) poursuit plusieurs idéaux, les 8 P :
Minimum de Parties : On réduit le nombre de parties par l’utilisation de pièces souples à la place de ressorts, de charnières, de joints, de roulements, etc.
Simplicité de Production : L’utilisation de nouveaux matériaux simplifie radicalement la production, l’assemblage et la manutention.
Prix : En limitant les parties et l’assemblage, il va de soi que le prix diminue. Surtout quand on peut extruder ou imprimer en 3D et produire à coût marginal.
Précision : Dépendant du procédés de production, en l’absence de joints, le niveau de précision dépasse celui possible en mécanique classique.
Performance : Sans besoin de lubrification, silencieux, plus léger, les performances et la durabilité sont augmentés.
Proportionnalité : On peut changer d’échelle et de matériaux selon les besoins et conserver les mêmes principes : la souplesse est aussi relative à la taille, de minuscule à immense.
Portabilité : Plus léger, du fait du nombre réduit de pièces et de leur simplicité.
Prédictibilité : Les produits maintiennent leur performance dans le temps et sont généralement plus fiables
Pour atteindre ces objectifs, la simplicité et l’absence de joints sont deux principes poursuivis.
L’origami à la rescousse
L’origami permet de réaliser des formes en 3D à partir de plans en 2D que l’on déploie dans diverses directions, en une structure continue, sans coupure, autrement dit, sans joint. Le rapport pratique avec la mécanique souple est naturel. Avec les logiciels de traitement 3D, dont vous trouverez quelques exemples dans les références, l’origami peut entrer dans le monde de l’ingénierie. Non seulement la tradition a guidé les concepteurs, mais ces derniers ont fait passer l’origami à un autre niveau et permis la réalisations de structures à la fois utiles et esthétiques.
Nous n’en sommes qu’au début de cette discipline et déjà ses applications sont entrées dans notre quotidien sans trop que nous nous en apercevions. Vous avez peut-être déjà remarqué certains mécanismes souples dans des appareils électroniques récents. Ce n’est qu’un début ! Cette connaissance s’étend rapidement et commence à entrer dans les facultés de génie...
Il y a encore quelques années, il suffisait d'ouvrir le capot d'un véhicule et de s'y affairer avec des outils pour voir quelques personnes se regrouper. Le capot ouvert était le centre d'un espace d'apprentissage informel improvisé...
Des youtubers ont recréé cette dynamique avec des vidéos de formation très concrètes, tandis que d'autres s'en sont éloignés définitivement, pour nous donner une vision fonctionnelle des véhicules, sans cambouis ni signe d'usure.
Il y a de moins en moins de raisons de se limiter : la fabrication et la réparation reviennent à l’atelier, celui de l’école, de l’entreprise ou de votre maison. Il faut juste commencer quelque part.
Qu’est-ce que fait un ingénieur mécanique? La question est légitime pour un public peu connaisseur du milieu du génie. Bonne chose de s’y intéresser puisqu’une grande partie des améliorations de transport et d’énergie reposent sur leurs découvertes.
Le travail manuel parait sans intérêt par rapport au travail de l'esprit. Répétitif, routinier et dénué de réflexion sur ses finalités, il provoquerait même un appauvrissement de l'intelligence. Des auteurs comme R. Sennett et M. Crawford nous démontrent au contraire toute la richesse et l'intérêt de travailler en direct sur les objets ! Réparer des objets, ou en fabriquer nous permettrait même d'accéder à plus de liberté.
Bientôt la réalité augmentée, déjà bien utilisée dans notre quotidien, va nous faciliter grandement la vie pour réparer certaines pannes, sans pour autant être un professionnel du métier. Fini les modes d’emploi traditionnels dans lesquels il faut chercher l’aide pour changer une ampoule ou encore devoir tout lire pour en arriver à ce qu’on veut. Place à la visualisation en 3D en pointant la caméra de votre iPad sur l’endroit exact qui pose problème. Le gros avantage à la réalité augmentée, c’est qu’elle peut animer les images pour montrer la procédure, ce qui est tout de même plus compréhensible que les termes techniques.
Superprof : la plateforme pour trouver les meilleurs professeurs particuliers en France (mais aussi en Belgique et en Suisse)
Chaque jour, restez informé sur l’apprentissage numérique sous toutes ses formes. Des idées et des ressources intéressantes. Profitez-en, c’est gratuit !