S'il nous est possible aujourd'hui de nous émerveiller devant certains monuments construits au fil du temps, nombre de bâtiments majeurs pourtant ont disparu, sous l'effet conjugué des catastrophes naturelles, de l'érosion, ou des actions humaines.
Ainsi, de nombreuses constructions ne sont plus que des légendes. À quoi ressemblaient le fameux colosse de Rhodes ou le Circus Maximus de Rome, dont il ne reste que des vestiges aujourd'hui. Jusqu’à maintenant, il fallait pour le savoir se fier aux quelques croquis et illustrations connus. Mais la technologie 3D permet désormais à certains spécialistes des sciences humaines de reconstruire, virtuellement, ces bâtiments disparus.
Redonner vie à des monuments pour éliminer les idées reçues
Cette tâche colossale de conception informatique a été entreprise par le Centre national de ressources numériques 3D du patrimoine de l’Université Bordeaux 3. Sur la plateforme Archéovision, des monuments mythiques reprennent vie virtuellement. Que ce soit une usine Renault récemment fermée, le sanctuaire d’Aton, le Circus Maximus ou le château de Montaigne, l’objectif est toujours le même : restituer précisément les lieux.
Pour y parvenir, des archéologues et des historiens travaillent de pair avec les équipes de modélisation. Reconstruire ces bâtiments n’est pas aisé, car il faut prendre en compte leurs mesures exactes, la topographie du terrain, les matériaux utilisés à l'époque, etc. Comme on l’apprend sur le site, les différentes tâches s'effectuent en parallèle. Pendant que les spécialistes des sciences humaines collectent des données sur le lieu, les informaticiens construisent un modèle de base en 3D.
Avec une première maquette sous les yeux, il devient alors plus facile pour les experts d’argumenter et de proposer des correctifs dans la restitution. Une interface a été créée pour partager les informations sur la plateforme. L’Archéogrid permet aux intervenants d’adjoindre à cette table lumineuse virtuelle des documents visuels et textuels, peu importe où ils se trouvent dans le monde. Pour compléter ce travail technique, des séminaires sont organisés afin de faire évoluer les modèles 3D jusqu’à une « forme finale ».
Le dirigeant du projet Archéovision, Robert Vergnieux, ne considère pas que ces représentations 3D soient la finalité du travail archéologique. Mais, comme il le révélait au journal Au fil des événements de l’Université Laval de Québec, ces maquettes permettent d’éliminer les fausses hypothèses. Par exemple, la littérature spécialisée a longtemps admis que le Circus Maximus pouvait accueillir jusqu’à 250 000 personnes. Or, les modèles 3D ont démontré que la limite était de 95 000 spectateurs.
De telles reconstructions virtuelles prennent beaucoup de temps. Pour le Circus Maximus, le processus a duré 8 ans. Les spécialistes et participants d’Archéovision ne risquent pas de se retrouver au chômage puisqu'ils sont impliqués dans plus d’une centaine de projets actuellement. Pour l’instant, le catalogue des représentations 3D n’est pas ouvert au public, mais les artisans du site y travaillent.
À défaut de pouvoir parcourir physiquement ces lieux mythiques, la technologie permet de se faire une idée précise de leur état d'origine. Certes, les sciences humaines comme l’histoire et l’archéologie profiteront de ces modèles, mais il est intéressant d'imaginer leur utilisation dans les visites touristiques (avec des aplications de réalité augmentée), les musées et les cours d’histoire-géographie, entre autres. Il faut donc espérer que ces représentations 3D soient offertes au public dans un proche avenir.
Site officiel d’Archéovision
Référence
« L'archéologie en réalité virtuelle », Yvon Larose, Au fil des événements, Université Laval, Édition du 13 octobre 2011.
Illustration : reconstitution, Archéovision.
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