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Publié le 21 février 2012 Mis à jour le 21 février 2012

L'humour vecteur d'apprentissage et de socialisation

L'analyse d'un corpus d'ouvrages documentaires pour la jeunesse montre quelles sont les fonctions de l'humour dans une perspective de transmission de connaissances.

L'apport des dimensions ludique et humoristique dans l'apprentissage a toujours été reconnu par les psychologues et les pédagogues qui encouragent l'acquisition de connaissances avec et dans le plaisir.

Mais si le jeu s'impose chaque jour un peu plus comme support, processus et contenu de savoir dans les apprentissages formels et informels, l'humour à proprement parler sous toutes ses autres formes (gestuelle, mimique, jeu de mots et autres situations de dérision) se limite souvent à un statut subsidiaire. Tout au plus semble-t-il appelé ponctuellement à la rescousse d'éducateurs en peine de susciter la motivation des apprenants. Il est certainement difficile de manier les ficelles de l'humour, encore plus lorsque les publics cibles  divergent culturellement et que les supports utilisés s'adressent au plus grand nombre. Mais lorsqu'on s'adresse à une jeunesse mondialisée dont la plupart des membres rient des mêmes choses sur le net, y a-t-il moyen de véhiculer les informations de manière légère, de les associer à des situations de communication amusantes et  fédératives,  sans que cela les déroute ou décentre les apprentissages?

Dans cet ordre d'idées, Myriam Baud a consacré son mémoire MARDIF (Master2 de Recherche à distance francophone) en sciences de l'éducation à l'utilisation de l'humour dans les ouvrages documentaires pour les enfants. Lire pour apprendre, rire pour apprendre ?  traite des principales fonctions de l'humour dans ce genre de publication. 

La chercheure a procédé à l'analyse d'un corpus d’ouvrages documentaires humoristiques pour analyser l'usage de l’humour comme outil éducatif au service de la vulgarisation scientifique : développement de l’humour dans le contexte documentaire, place et fonctions assignées à l’humour à travers des documentaires actuels et des discours d'éditeurs. Elle résume sa problématique sur l'humour  en ces termes :

Quelle place et quelles formes lui sont-ils assignés, quelles fonctions remplit-il en articulation avec les objectifs de transmission des connaissances, d’éveil et de développement de la pensée réflexive qui sont aujourd’hui ceux du documentaire de jeunesse ? Enfin de quelle manière contribue-t-il à modifier le regard porté sur la science et sur la relation au savoir de manière plus générale?


Fonctions de l'humour

Il ressort de cette analyse que l'humour utilisé dans les publications documentaires étudiées remplit des fonctions relatives à l'apprentissage et des fonctions relatives à l'éducation.

  • Fonctions d’apprentissage : Il y a d'abord une fonction inhérente à la nature même de l'humour qui interpelle à travers l'incongruité : la fonction d'accroche qui permet de susciter ou d'entretenir l'attention et la motivation. La fonction d’entrainement cognitif et d’intégration des concepts pour sa part permet la réactivation et la mise en perspective de connaissances antérieures.
  • Fonctions éducatives : Elles renvoient non aux connaissances à acquérir mais à la façon de les appréhender et au vécu de l'apprenant. Il s'agit plus de métacognition, de réflexion sur soi et sur son entourage (grâce à la connivence et à la complicité entre l’émetteur et le récepteur) ainsi que d'autocritique, favorisant ainsi la communication et la socialisation.

Pour enrichir et agrémenter le discours de vulgarisation scientifique,  l'iconographie occupe une place primordiale. Mais il est rare que l’image heuristique soit intégrée au discours principal. Le texte ou les productions mixtes (texte+image) humoristiques dans le titres, les annotations et les illustrations restent également à la périphérie d'un discours dit sérieux.

L'humour transforme le rapport au savoir qu'il désacralise. Les connaissances sont appréhendées au travers d'un contenu original qui éveille et entretient la motivation et la curiosité et permet en parallèle de s'inscrire dans une vision du monde partagée par d'autres jeunes lecteurs. S'il parcourait en filigrane tous les contenus présentés au lieu d'être cantonné dans un rôle d'appoint, il permettrait de tisser un rapport distancié avec le savoir sans brouiller l'acquisition des connaissances permises par la vulgarisation scientifique.

Lire pour apprendre, rire pour apprendre ? Place et fonctions de l'humour dans les pratiques de vulgarisation pour la jeunesse- L'exemple du documentaire jeunesse. Mémoire de Master2 en sciences de l'éducation par T. Baud, Octobre 2010

 


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