Publié le 24 août 2020 Mis à jour le 24 août 2020
Cela fait des années que la question de la formation à distance est abordée. Autrefois vue avec méfiance, elle s’est avérée pratique pour certaines personnes ne pouvant se rendre physiquement à un établissement, pour des gens voulant suivre un enseignement tout en continuant leurs activités professionnelles ou pour apporter du dynamisme à son enseignement. Malgré cette vision plus optimiste de la formation à distance, il n’en demeure pas moins que les systèmes éducatifs misaient encore beaucoup sur l’éducation en classe.
Puis est arrivée la covid-19. La maladie contagieuse a forcé la main de nombreux gouvernements à confiner sa population pour diminuer la propagation. Conséquemment, il a fallu que les enfants et adolescents continuent leur année scolaire à la maison. Une transition brutale qui n’avait jamais été pensée auparavant. Ce qui s'est fait vite ressentir...
Premier gros problème : tous les élèves n’ont pas accès à une connexion Internet de qualité ou un ordinateur à la maison. Cette fracture numérique a donc des conséquences pour eux qui prennent alors du retard sur leurs camarades.
Ensuite, les serveurs ne suivent pas toujours les requêtes de masse. Ainsi, si l’environnement numérique de travail existait déjà pour tous les professeurs français, celui-ci a planté sous la demande dans les premiers jours. Ce petit hic technique ne serait pas en soi dramatique. Toutefois, plusieurs dans le corps enseignant français ont décrié la situation, affirmant qu’ils ne se servaient presque jamais de cet outil dans leur pratique. Des professionnels de la pédagogie non formés à l’ENT se trouvaient donc à devoir l’utiliser à temps plein durant des mois.
Aux États-Unis aussi, la situation a été complexe. Comme le montre cet article du Guardian, de nombreux professeurs se sont retrouvés désemparés devant cette nouvelle approche. Il leur a fallu se dénicher un coin de la maison pour enseigner et être à l’aise, apprendre à gérer leurs propres enfants pour ceux étant eux-mêmes parents et surtout tolérer le fait qu’il était beaucoup plus difficile d’interagir avec les élèves, même avec des caméras. Ce sentiment de chaos a montré que bien des enseignants n’étaient pas parés à l’éventualité d’un tout en ligne et, ce, malgré la présence de guides préparés par les ministères.
Ce qui ne veut pas dire que tout a échoué, bien au contraire. La TÉLUQ a interrogé des professeurs ayant eu à utiliser la formation à distance pour assurer la continuité des apprentissages. La trousse ministérielle offerte par le gouvernement québécois à l’époque était un bon point d’appui mais la plupart ont dû aller au-delà et se servir d’outils technologiques pour proposer plus aux élèves.
Le contexte en ligne demande une organisation importante de l’enseignant qui doit déjà savoir quels outils utiliser dans quel contexte. D’ailleurs, rapidement, des sites comme Charivari à l’école offraient une liste d’applications utilisables pour les professeurs confinés. D’autres sites, tel celui de l’Université de Mons, ont aussi proposé un inventaire des outils disponibles selon leurs besoins (environnement de travail, moyens de communication, partage de ressources, etc.).
Cela a demandé aux enseignants d’être pragmatique. Il était impossible de reproduire 6 heures de classe en ligne. Cela est déjà ardu pour des adultes, irréaliste d’exiger cela chez des plus jeunes. En ligne, il faut adopter des approches plus courtes accompagnées de ressources qui peuvent être consultées durant le reste de la journée ou dans la soirée (capsules vidéos, documents PDF, etc.). Cela demande donc de préparer une feuille de route crédible et prenant en compte les technologies utilisées. D’ailleurs, tout le matériel numérique déjà disponible en ligne devient un allié de taille dans un tel contexte. Que ce soit les plateformes d’édition ou le CNED, le travail de numérisation gagne davantage en intérêt pour les enseignants.
Beaucoup ont été effrayés par le chahut possible de dizaines d’enfants connectés en même temps. Or, comme le rappelle cet article de la DRNE (Dlégation Régionale du Numérique pour L’Éducation), il est tout à fait envisageable d’exiger en amont des règles de fonctionnement dans cette classe virtuelle. Sans compter sur que sur celle offerte par CNED, c’est l’enseignant qui donne les droits de parole. Plus facile de garder le contrôle de cette manière.
D’ailleurs, même à distance, il est très important de continuer les rétroactions individuelles avec les élèves. Ils ont besoin de savoir s’ils sont dans la bonne voie ou s’ils se trompent. La plupart des outils numériques permettent de rapidement réagir et, ce, même s’ils n’offrent pas tout le confort d’une interaction humaine. Les réseaux sociaux peuvent permettre des communications de la sorte avec les apprenants.
L’organisation d’une classe en ligne n’est donc pas la mer à boire. Il suffit de connaître les technologies à sa portée, bien planifier son horaire quotidien et s’assurer d’une bonne communication avec les élèves. Malheureusement, la crise sanitaire de 2020 a plongé beaucoup de professionnels et de familles dans un contexte pour lequel ils n’étaient pas prêts. Espérons que les systèmes scolaires auront appris de cette expérience et prépareront mieux aux solutions en ligne. Après tout, il n'est pas exclu que d’autres crises dans le futur obligeront la mise en place de classes entièrement à distance, ceci sans compter que pour plusieurs élèves, l'apprentissage à distance est préféré à celui en classe.
Illustration : Mudassar Iqbal de Pixabay
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