Ce texte publié par le CNAM s’inscrit dans une série de rapports publiés par le Centre national d’étude des systèmes scolaires (Cnesco) sur la thématique : Gouvernance des politiques éducatives.
On peut distinguer trois âges des politiques d’éducation en France depuis la Libération, c’est-à-dire trois modèles spécifiques de fabrique de ces politiques qui apparaissent successivement.
1. L’âge de la communauté de politique publique
- Les politiques d’éducation sont essentiellement fabriquées par un réseau d’acteurs fermé, homogène et relativement stable, organisé autour d’un secteur d’action publique bien identifié (l’éducation nationale) : la communauté de politique publique est composée d’acteurs ministériels, des syndicats, des associations de parents d’élèves et d’une constellation d’associations spécialisées.
- L’éducation est gouverne selon une logique corporatiste et bureaucratique : une même règle est négociée entre le ministère et ses interlocuteurs professionnels nationaux et elle est supposée s’appliquer de la même manière sur tout le territoire.
2. L’âge de la « décommunautarisation »
- Du fait de transformations structurelles majeures depuis les années 1970 (internationalisation, européanisation, territorialisation…), l’on assiste à une déconstruction progressive du modèle précédent à travers différents processus.
- Cette déconstruction passe par une désectorisation, une dénationalisation, une dérégulation, une désétatisation et même une dématérialisation de la fabrique des politiques d’éducation.
- Contestée, elle est source de fortes tensions parmi les acteurs des réformes.
3. L’âge de la fast-politique
- Cet âge existe déjà dans d’autres pays mais il n’y a aucune recherche sur ce thème en France. De nombreux indices suggèrent cependant que la France ne fait pas exception.
- La fast-politique désigne une façon de faire des politiques publiques selon des temporalités de plus en plus courtes. Le gouvernement de l’éducation est accéléré, voire effectué dans l’urgence.
- La politique d’éducation se focalise sur certaines réformes (des contenus d’enseignement, des enseignants et du management) dans une perspective néolibérale accrue.
- dElle s’appuie sur des réseaux d’acteurs mondialisés qui mettent en avant des solutions miracles tirés des comparaisons internationales.
Le mode de fabrication dominant ou particulièrement mis en avant par les gouvernants, joue un rôle de cadrage important dans la mise en oeuvre d’une réforme. Ce cadrage concerne :
- Le positionnement et les marges de manoeuvre laissées aux différents acteurs.
- Les relations de pouvoir à l’oeuvre dans le système d’action publique dans son ensemble.
- Les modalités de coordination des acteurs.
Pour le rapport complet : Pons, X. (2022). Les trois âges des politiques d’éducation. Contexte, fabrique et mise en oeuvre des réformes. Paris : Cnesco-Cnam.
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