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Publié le 29 mars 2023 Mis à jour le 29 mars 2023

Comment le patrimoine peut-il profiter du metavers sans perdre sa valeur ?

Tourisme, vitalité des communautés et appropriation culturelle

Colmar, village français en Malaisie

Diaa Elyaacoubi, CEO de Monnier Frères dans une interview que l’on peut trouver sur le site La tribune affirme

« L'enjeu du métavers est de séduire ses audiences, de proposer des expériences innovantes, créatives et culturelles. En ce sens, la France peut devenir un acteur central du métavers, du fait de son patrimoine culturel. »

Si cette position est louable en ce qui concerne la créativité qui peut embarquer les industries culturelles et créatives, d’un point de vue patrimonial (tel que reconnu par l’Unesco), il y a de fortes chances que nous soyons dans une posture qui fait transparaître les limites du patrimoine.  Ainsi, comment le patrimoine peut-il s’adapter au metavers sans toutefois perdre son « authenticité » ?

Le patrimoine dont nous parlons est celui défini par l’Unesco par les deux principales conventions, à savoir celle de 1972 sur le patrimoine culturel et naturel et celle de 2003 sur le patrimoine immatériel. Le premier renvoie aux ensembles, aux sites et aux monuments. Quant au deuxième, il renvoie aux « traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel ». Selon que l’on soit dans l’un ou l’autre typologie, le metavers peut être mieux utilisé.

Le metavers est un outil adéquat pour la promotion des sites

La convention de 1972 a eu l’ambition de constituer un patrimoine mondial alors que celle de 2003 reconnaît plutôt la particularité des groupes, des communautés. Toutefois, l’objectif visé est de pouvoir présenter le patrimoine aux différentes aires culturelles du monde, de les transmettre aux générations futures en gardant l’authenticité dans le cas du patrimoine matériel et en protégeant l’immatériel tout en accompagnant son évolution. 

Dans ce sens, le metavers qui est une représentation animée et virtuelle peut servir d’outil de diffusion des différents patrimoines dans le monde. Lors de la présentation de l’exposition « Sur la route de chefferies»  qui mettait en exergue la richesse culturelle des peuples des Grassfields  du Cameroun, une représentation 3D destinées aux touts petites a permis d’atteindre ce public,  un coup de communication.

Le metarvers permet de de préserver les sites de la surexploitation

Dans un article intitulé « Dix endroits menacés par le tourisme de masse», publié il y a une dizaine d’années, plusieurs sites subissent les affres du tourisme de masse : Venise,  les îles Galapagos,  le mont Kilimandjaro, le mont Everest, le Machu Picchu, Pétra, Angkor, L'île de Pâques, les tombeaux égyptiens et la Méditerranée.  Ces sites sont aussi divers que les touristes qui les visitent et leurs effets, comme le démontre l'article, est catastrophique dans la mesure où ils détériorent ces patrimoines.

Malgré les promesses faites par les gestionnaires ou les personnes chargées de gérer ces sites, leur dégradation accélérée ne cesse pas à cause de la manne économique qu’ils génèrent.  Certaines solutions sont prises comme réduire le nombre de touristes journaliers, la mise sur pied du tourisme virtuel ou les expositions virtuelles. Ce dernier moyen a généralement été utilisé comme un complément de la visite physique et a permis de « rapprocher » les œuvres ou les biens culturels des publics. 

À l’heure du metavers, ces solutions généralement utilisées pour les musées peuvent être accentuées et surtout tournées vers les sites les plus visités afin de réduire les visites physiques.  Une visite virtuelle, même si elle  est économique, ne peut pas remplacer  la visite physique mais peut contribuer fortement à la régulation des visiteurs .

Reconstituer le patrimoine disparu

Certaines merveilles du monde aujourd’hui disparues sont « recréées » à travers la réalité de la 3D, même sans l’authenticité. Le metavers a cette particularité de pouvoir remonter le temps. Le phare d'Alexandrie en Égypte, les Jardins suspendus de Babylone en Mésopotamie (Irak), la statue en or et ivoire de Zeus à Olympie en Grèce, le temple d'Artémis à Éphèse, le tombeau de Mausole à Halicarnasse dans l'actuelle Turquie, le colosse de Rhodes sont six des sept merveilles disparues.  

À l'aide de la documentation disponible, les architectes et ingénieurs ont été recrée virtuellement ces merveilles afin de plonger les visiteurs dans ces merveilles du passé, dans une réalité reconstituée et en partie fictive. Ces initiatives sont en voie de se multiuplier à la recréation des biens culturels patrimoniaux moins populaires mais aussi intéressants qui ne pourront que gagner en visibilité et reconnaissance.

La metavers un savoir-faire pour d’autres savoir faire

À la différence du patrimoine matériel et naturel, le patrimoine immatériel a la particularité d’être évolutif. Il est en perpétuel création et récréation. Dans ce sens, le metavers, lui-même devient un médium artistique, un facilitateur et même un outil qui contribue à la création des expressions culturelles. C’est un patrimoine qui n’est pas basé sur l’authenticité et donc susceptible d’évoluer.

« Le métavers est une combinaison de mondes virtuels, de réalité augmentée et d’Internet qui envisage une communauté immersive, décentralisée et mondiale. » (Pierre Berendes)

Ainsi défini, il est un instrument idéal pour le patrimoine culturel.  Il ne remplacera jamais la sensation des visites physiques mais il peut amplement participer à la sauvegarde et à la vulgarisation du patrimoine culturel. Il faut tout de même considérer le fait qu’il peut s'approprier la valeur authentique du patrimoine et risque de déposséder les communautés de leurs savoirs (appropriation culturelle), dans la mesure où ces communautés n’ont pas nécessairement les mêmes moyens pour mettre sur pied leurs propres réalités virtuelles et les contrôler.

Tout de même, il revient aux autorités de se pencher sur la question tout comme on se pencherait sur toute nouveauté afin de l’encadrer. La patrimoine immatériel ne prospéra avec le metavers que si les communautés y trouvent leurs compte.

Illustration : Colmar, village français en Malaisie - Bryanoool - Pixabay


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