«Addictions», ce mot évoque de manière instinctive l’ingurgitation excessive d’une ou des substance(s) chimique(s) dont on ne peut plus se passer[1].
Restreindre ce mot à cette seule définition ne convient plus car le XXIe siècle correspond à l’ère du numérique et un usage accru des réseaux sociaux, usage qui a tendance, d’une part, à effilocher les liens sociaux, c’est-à-dire que l’intégration dans un groupe est fondée sur des bases identitaires superficielles, et d’autre part, que l’on fait face à une addiction effective à ces moyens de communication. Sur quoi cela débouche directement ?
Résultat des courses, on note l’effritement des rapports sociaux qui sont caractéristiques d’un isolement physique, perceptible par l’avènement d’une génération tête baissée, accrochée au téléphone, et plus intéressée à s’occuper de la vie virtuelle et non de sa vie dans son environnement réel. Et pourtant, il n’y a rien de pire que de passer à côté de sa vie ! C’est la raison pour laquelle je vous propose ici quelques stratégies pour aider les étudiants à augmenter leur indépendance vis-à-vis des réseaux sociaux.
1-Planifier le temps d’utilisation
Planifier c’est “organiser à l'avance son temps, ses activités selon un certain plan” ( Larousse). C’est élaborer un plan précis en vue de réaliser un objectif. Ce processus repose principalement sur le temps, la durée. En prenant en compte cette donnée, on peut définir la planification comme la capacité d’un individu à respecter le temps imparti pour la réalisation d’une tâche.
Sa particularité réside dans le fait qu’elle octroie la possibilité de mieux gérer le temps et d’être plus productif. Prendre en compte cette donnée temporelle dans l’optique de rendre les élèves indépendants aux réseaux sociaux, est une stratégie intéressante dès lors qu’ils doivent s’imposer une certaine discipline pour ce qui est l’usage de ces réseaux. En effet, ce que l’on est loin d’imaginer c’est que l’usage fréquent et non contrôlé de ces réseaux cause des troubles mentaux à l’instar de la dépression, la peur de rater quelque chose (fear of missing out)[3] lorsqu’on est hors connexion, la solitude; d’où la nécessité de s’imposer une certaine conduite à adopter.
En effet, une étude menée par des chercheurs de l’Université de Pennsylvanie démontre que, la limitation de temps réservée pour l’usage des réseaux sociaux à 30 minutes réduit drastiquement les risques de dépression et de solitude[4]. Signalons que ces symptômes sont les manifestations d’un manque que des personnes accros à ces entités manifestent. Cela suppose que, si le temps imparti pour utiliser les réseaux sociaux est défini au préalable, il y a de forte chance de limiter voire d’éviter les cas de dépendance vis-à-vis ces réseaux.
En dehors de la limitation du temps d’usage des réseaux sociaux comme facteur d’affranchissement, une autre action non négligeable peut tout aussi apporter des solutions à cette dépendance à savoir : la préférence des activités à l’extérieur et des jeux de société.
2-Privilégier les activités d’extérieur et les jeux de société
Arriver à se déconnecter est un grand défi pour les personnes qui présentent une dépendance aux réseaux sociaux. Si à l’origine, cet outil de communication avait pour ambition de faire des rencontres, de nos jours, ce phénomène emprisonne les jeunes dans les écrans et cela devient leur principal moyen de socialisation[5]. Et pourtant, une multitude d’activités visant non seulement à resserrer les liens familiaux, amicaux, ainsi que maîtriser son environnement existent. C’est le cas des activités en extérieur et des jeux de société.
La première activité a pour bienfait de permettre aux jeunes de se dépenser à travers les jeux traditionnels comme le chat perché, cache-cache, l’escalade, entre autres. Ces activités sont utiles dans la mesure où elles contribuent à ce que les enfants conservent une bonne santé car être actif éloigne l’obésité[6]. Ce qui voudrait dire que les jeunes qui font des réseaux sociaux leur principale occupation sont susceptibles de la développer puisque la majeure partie du temps ils sont assis et produisent des gestes qui ne demandent pas d’efforts.
Pour ce qui est de la deuxième activité, les jeux de société ont la particularité de développer l’esprit logique, la mémoire, la capacité d’attention et la motricité fine via la manipulation des pions, des cartes et des dés[7]. Ces capacités, les jeunes qui s’adonnent aux réseaux sociaux ne sauraient les avoir car, quand on les utilise, les activités cognitives et physiques sont au plus bas. Ceci est d’autant plus vrai que ce qui capte l’attention des jeunes internautes c’est liker, partager et poster des informations[8].
A contrario, les jeux de sociétés et les activités en extérieur apportent une plus-value aux jeunes en termes de compétences. Tellement ces activités demandent une implication forte aux jeunes, il ne leur passerait certainement pas à l’esprit d’aller voir les dernières informations que les amis virtuels auraient postées. Cette attention portée vers la vie quelque peu oblitérée de l’autre, traduit un mal-être réel qui est celui du manque de confiance en soi.
3-Travailler sur la confiance en soi
Dans une société virtuelle où certaines personnes sont tentées de s’inventer presque des vies pour exister, l’usage excessif des réseaux sociaux peut traduire un manque de confiance en soi. En effet, le manque de confiance en soi intervient au moment où l’on est tenté de présenter à ses followers d’une part, une vie en quelque sorte inventée et qui n’a aucun rapport avec ce que l’internaute est réellement et, d’autre part, l’on note la manie de toujours vouloir améliorer son image grâce à des applications pour paraître plus belle ou beau avant de les poster, même si en fin de compte, le seul résultat que l’on obtient c’est ressembler à une personne autre que soi.
En effet, l'adolescent tente de s’affirmer à travers les réseaux sociaux. Ce qui n’est pas mauvais en soi. Mais le hic intervient à l’instant où l’on veut se façonner une image à travers le regard des autres. Laquelle démarche traduit un mal-être profond, qui rend le jeune adolescent vulnérable face au regard des autres et trouble sa construction en tant que jeune adulte : c’est le début de la dépression[9].
Pourtant, s’accepter comme on est (connaître ses limites et ses atouts) évite de s’enfermer dans une logique de se construire tel que l’autre voudrait que nous soyons, ce qui limite la dépendance au regard de l’autre. Le fait est que plus on voudrait être comme l’autre aimerait nous percevoir, moins on a de chance de vivre sa vie. C’est la raison pour laquelle, on assiste de plus en plus au harcèlement virtuel. Vu l’importance de ce problème, cet article est une invitation aux éducateurs pour qu’ils prennent plus de précautions afin d'améliorer la vie des jeunes. On pourrait aussi intégrer des unités d’enseignements qui portent sur l’utilisation idéale des réseaux sociaux.
Référtences
Fátima Servián Franco, 2022, « l’addiction aux réseaux sociaux », Nos pensées, en ligne
https://nospensees.fr/laddiction-aux-reseaux-sociaux/
Goldschmidt Cathérine, 2017, « les jeux de société », en ligne
https://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/jeux/fiche.aspx?doc=jeux-societe
Jeunes et médias, « réseaux sociaux », en ligne,
https://www.jeunesetmedias.ch/medias/reseaux-sociaux#:~:text=La%20plupart%20des%20jeunes%20utilisent,et%20partagent%20leurs%20propres%20photos
LB, 2021, « l’impact des réseaux sociaux sur l’estime de soi », en ligne
https://www.i-share.fr/actualite/limpact-des-reseaux-sociaux-sur-lestime-de-soi/
Ludwig Hervé, 2018, « limiter l’utilisation des réseaux sociaux à 30 minutes par jour permettrait de réduire les risques de dépression », en ligne, https://www.blogdumoderateur.com/limiter-reseaux-30mn-jour-reduire-risques-depression/
Neokids Montessori, 2021, « les bienfaits des activités en extérieur pour les enfants », en ligne
https://montessori-neokids.fr/actualites/bienfaits-activites-exterieures-enfants/
Noovo moi, 2020, « l’impact des réseaux sociaux sur notre vie », en ligne
https://www.noovomoi.ca/vivre/bien-etre/article.impacts-reseaux-sociaux.1.965579.html#:~:text=Chaque%20r%C3%A9seau%20social%20offre%20la,d'y%20trouver%20un%20emploi
Toutcomment, 2017, « comment les réseaux sociaux affectent les jeunes », en ligne
https://education.toutcomment.com/article/comment-les-reseaux-sociaux-affectent-les-jeunes-12776.html
Vincent, 2017, « réseaux sociaux : opportunité ou menace pour le lien social ? », Courant-actuel , en ligne,
https://courant-actuel.fr/reseaux-sociaux-opportunite-menace-lien-social/
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[1]Fátima Servián Franco, 2022, « l’addiction aux réseaux sociaux », Nos pensées, en ligne,
https://nospensees.fr/laddiction-aux-reseaux-sociaux/
[2]Vincent, 2017, « réseaux sociaux : opportunité ou menace pour le lien social ? »,courant-actuel, en ligne,
https://courant-actuel.fr/reseaux-sociaux-opportunite-menace-lien-social/
[3] Noovo moi, 2020, « l’impact des réseaux sociaux sur notre vie », en ligne, https://www.noovomoi.ca/vivre/bien-etre/article.impacts-reseaux-sociaux.1.965579.html#:~:text=Chaque%20r%C3%A9seau%20social%20offre%20la,d'y%20trouver%20un%20emploi
[4] Hervé Ludwig, 2018, « limiter l’utilisation des réseaux sociaux à 30 minutes par jour permettrait de réduire les risques de dépression », en ligne, https://urlz.fr/kut0
[5] Toutcomment, 2017, « comment les réseaux sociaux affectent les jeunes », en ligne, https://urlz.fr/kut2
[6]Neokids Montessori, 2021, « les bienfaits des activités en extérieur pour les enfants », en ligne,
https://montessori-neokids.fr/actualites/bienfaits-activites-exterieures-enfants/
[7] Catherine Goldschmidt, 2017, « les jeux de société », en ligne, https://urlz.fr/kut8
[8] Jeunes et médias, « réseaux sociaux », en ligne, https://urlz.fr/kuta
[9] LB, 2021, « l’impact des réseaux sociaux sur l’estime de soi », en ligne,
https://www.i-share.fr/actualite/limpact-des-reseaux-sociaux-sur-lestime-de-soi/
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