Des émotions, des expériences antérieures, des intérêts stratégiques, des craintes ou des espoirs peuvent orienter nos priorités. Pour atteindre le but, certains vont jusqu’à la tricherie, aux amphétamines ou aux pots de vin. Quand on en est rendu là, un examen des priorités s'impose.
Un directeur de thèse peut être intéressé par la réussite de son étudiant mais aussi par ses propres intérêts. Un étudiant peut bien être passionné par un sujet, mais en choisir un autre par simple calcul pour son avenir à l'emploi. Quand on regarde certains sujets de thèse, on se demande quelles priorités ont joué : celles de prendre un sujet «sécuritaire», qui sera bien reçu, ou celles de faire avancer la connaissance ?
À une échelle plus personnelle, on peut étudier pour apprendre ou pour avoir de bonnes notes. Quand le sujet est imposé, c'est presque toujours la seconde option qui définit la priorité. «Est-ce que que ce sera à l'examen ?» est la question la plus communément entendue par les enseignants. Les notes deviennent alors plus importantes que le sujet. Mais quel est ce système qui en arrive à provoquer ce genre de comportement ? Celui qui n’implique l’étudiant ni dans le choix, ni dans la régulation.
Pour réellement apprendre quelque chose, aucun arbitraire n’entre dans l'équation : la connaissance fonctionne et on devrait être capable de l'appliquer. Il s’agit de transformer l’obligation d'apprendre en intérêt personnel, que tous ne développent pas à la même intensité. En conséquence, on a pas à attendre de chacun le même niveau d’implication, ni à le sanctionner aveuglement; on a le droit de choisir nos priorités et il est sain de pouvoir le faire.
Dans la recherche, dans l’apprentissage, dans l’enseignement, les priorités se ressemblent : trouver une solution, valider une hypothèse, faire le tour d'un sujet, acquérir un point de vue large ou détaillé; les considérations externes au sujet seront avant ou après, mais pas pendant. Les priorités ont été définies. On apprend à dépasser les périodes de découragement et de submersion, on y arrivera, avec ou sans aide, mais on y arrivera. Les priorités sont claires, elles orientent les efforts.
L’ordre des priorités compte. En recherche les résultats diffèrent selon les priorités établies. En éducation, si l'intérêt de l'étudiant et les capacités requises y sont, les autres priorités peuvent suivre. L’institution, l’enseignant et l’étudiant peuvent avoir des priorités différentes, chacun à leur niveau, mais compatibles. Pour y arriver, la participation de chacun aux décisions fait partie... des priorités.
Denys Lamontagne - [email protected]
