La pression mise sur le monde agricole n’est pas un phénomène nouveau car, historiquement, chaque fois que la production agricole s’est améliorée, une poussée démographique s’en est suivi qui a de nouveau rétabli la pression. Mais, à la pression démographique de 90 millions de personnes de plus par année, s’ajoutent aujourd’hui :
- la pression environnementale (chaleur, sécheresse, montée de l’eau salée, inondations, désertification),
- l'impossibilité de défricher de nouvelles terres sans effet environnemental conséquent,
- l'épuisement des terres actuelles en raison de pratiques agricoles douteuses,
- la diminution des nappes phréatiques et l’assèchement de territoires entiers,
- l’appauvrissement de la biodiversité (insectes, amphibiens, oiseaux, plantes).
- les coûts de l’énergie et des engrais en augmentation rapide,
- des politiques à courte vue et des stratégies de spéculation qui perturbent les marchés,
- plusieurs autres perturbations dont les effets sont encore inconnus : pollutions diverses, dispersion des OGM, résistances aux pesticides, etc...
En somme, on doit envisager de nouvelles solutions; les approches faciles de «faire plus avec plus» ne sont plus possibles. On doit maintenant faire bien mieux avec moins...
Du coté positif :
- à l’aide des technologies et de la recherche, on développe de meilleures pratiques et une meilleure gestion de toutes les ressources, y compris l'eau,
- on peut produire plus, plus efficacement et avec un meilleur respect environnemental,
- on peut produire plus près des marchés, avec des aliments plus nutritifs et dans une perspective de restauration et d’amélioration environnementale,
- des terres autrefois trop froides deviennent propices à une production agricole,
- la production de protéines par les insectes ou les bactéries devient une alternative à l’élevage industriel,
- le développement de robots agricoles qui peuvent faire les travaux éreintants,
- de meilleurs procédés pour assurer le contrôle des insectes et plantes indésirables, tout en diminuant l’usage de pesticides, sont implantés;
- des politiques de réduction du gaspillage alimentaire, de valorisation des sous-produits, d’aménagement écologique se mettent en place,
- des philosophies agricoles écologiquement responsables commencent à être adoptées plus largement.
Ce dernier point, en apparence mineur, est probablement la clé de voute de la transformation annoncée car c’est tout notre système de consommation, de distribution et d’organisation qui est visé. Dans la hiérarchie de nos besoins, l’alimentation vient assez tôt et beaucoup de nos activités sont structurées autour.
Mieux manger et mieux vivre passe aussi par la formation, la recherche et l’éducation. De secteur négligé, le domaine agricole regagne doucement importance et prestige, emplois intéressants à la clé et qui ont toute l’apparence d’un e-retour à la terre.
Denys Lamontagne - [email protected]