L’enjeu de l’alimentation humaine a toujours été à la base de notre existence sociale. Si en plus des huit milliards d’humains à nourrir on compte les animaux d’élevage (80 milliards de poulets, dindes et canards, 3 milliards de cochons, boeufs, buffles et vaches, etc.) qu’il faut aussi nourrir de grain et de fourrage et auxquelles on ajoute les ressources prélevées de la mer (1 200 milliards de poissons sauvages pêchés par an), la pression exercée sur l’environnement pour notre seule alimentation appelle un rapide changement de régime car elle est déjà insoutenable.
Que fait le monde de l'éducation et de la recherche pour inciter au changement des habitudes et des pratiques ?
La viande in vitro fait saliver les investisseurs, mais du coté rendement et coût on a beaucoup plus de chances du coté des végétaux, des insectes et d'une meilleure gestion des pratiques de prélèvement, de transformation et de distribution. On sait que la préservation stratégique de milieux bio-diversifiés sert de souche durable aux environnement de prélèvement qui les entourent. Mais si on permet l'exploitation de tous les milieux, tout s'effondre. La même chose s’observe en agriculture : les rendements maximum dopés par des engrais, des plantes OGM, des pesticides et une irrigation intensive épuisent les milieux. Des approches plus intégrées favorisent la santé des écosystèmes.
La production de viande à l'échelle industrielle est problématique sur tous les plans. La production industrielle d'huile de palme, de bananes, d'avocats, de café, de cacao est peu compatible avec l'équilibre des milieux tropicaux. Le détournement de la production céréalière pour produire de l’éthanol pour les voitures est une véritable aberration, pourtant présentée comme «écologique» et qui démontre bien le niveau de cynisme de l’industrie des hydrocarbures, largement subventionnée. La pêche industrielle est en train de tout détruire. En fait, à peu près toutes les approches «industrielles» de la vie la perturbent. La diversité biologique s’accommode mal des pratiques qui visent la standardisation et les grands nombres. La robotique et l’intelligence artificielle vont t’elles nous aider ou encore empirer la situation ?
Nos machines n'engraissent pas le sol comme le faisait les ruminants, ce sont des engrais de synthèse qui le font et qui accessoirement «enrichissent» aussi nos cours d’eau. Ce n’est qu’une de nos pratiques discutables. Le gaspillage alimentaire en est une autre. Bref, on peut faire évoluer toutes nos pratiques et nos habitudes de production et de consommation alimentaire. La recherche et l'éducation ont un rôle à y jouer, à commencer par les cantines scolaires, les potagers d’établissement et les facultés d’agriculture.
Denys Lamontagne - [email protected]
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